jeudi, février 02, 2006

Le revenu et le revenant


La politique néolibérale économique américaine, qui n’est pas réservée seulement à ce pays, insiste que si l’on ne fait pas obstacle à l’enrichissement de l’élite de la société, la richesse générale du pays – voire même du monde – augmentera. Le pire des obstacles, d’après cette théorie, c’est l’impôt. Cette « imposition » ne fait qu’appauvrir l’économie. Ainsi toute politique de redistribution, selon ce point de vue, ralentit la croissance et met en danger la survie économique de ceux que la redistribution cherche à sauver – c'est-à-dire, les pauvres. Dans le jargon économique anglais, on parle de l’effet « trickle down » : la richesse s’écoule vers le bas, nous dit-on. Ce n’est pas une théorie particulièrement nouvelle ; elle n’est pas efficace non plus.

La vraie question est la suivante : combien de temps faut-il attendre cet écoulement, cette descente automatique de la richesse ? Aux Etats-Unis, au moins depuis l’époque de Reagan, on cherche à minimiser les impôts des riches, en nous promettant une meilleure vie pour tous.

Deux centres d’études économiques viennent de publier une étude qui se concentre sur la disparité entre les revenues des pauvres et des riches depuis les années quatre-vingts. Sans exception, les riches se sont enrichies et les pauvres sont à la traine. Dans tous les états de l’union, les familles riches gagnent au moins cent milles, ou même deux cents milles, par an ; alors que les familles pauvres gagnent en moyenne quinze ou vint milles…Vous pouvez voir l’étude par état ici.

Puisque Washington DC est une ville à part, elle n’est pas mentionnée dans l’article. Mais le Washington Post nous a révélé les chiffres concernant la capitale du pays.

En faisant les ajustements nécessaires pour tenir compte de l’inflation, voici ce qu’on obtient.

En 1980, les familles les plus démunies – les 20% qui se trouvent en bas de l’échelle économiques – avaient en moyenne un revenu annuel de 12,000 dollars. En 2000, avec une hausse de 3% sur vingt ans, ils sont encore dans les douze milles, avec trois cents dollars de plus par ans.

En 1980, les 20% qui étaient les plus privilégiés avaient un revenu déjà élevés, à peu près 90,000 par ans. Soit sept fois plus que les pauvres. En 2000, ces familles ont en moyenne un revenu de presque 160,000 dollars par ans, soit douze fois de plus – une hausse de plus de 80%.

Le discours de la récession disait que la différence qui existe en les revenus disparaitra avec la croissance. Vingt plus tard, les années 80 continuent à nous hanter. Mieux encore, c’est cette théorie qui a autant de valeur qu’un revenant.
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