samedi, mai 20, 2006

De Tripoli à Trop-poli

Comme on le sait, Washington a officiellement changé sa position envers la Libye : « Après 25 années d'embargo drastique, Washington rétablit ses relations diplomatiques et commerciales avec Tripoli. La Libye, guidée par Kadhafi depuis 1969, passe ainsi du stade d'Etat-voyou terroriste à celui de sage élève des Etats-Unis. La réconciliation entre les deux Etats est désormais totale. Les échanges commerciaux vont pouvoir reprendre légalement entre les Etats du Nord -impatients de pouvoir s'approvisionner en pétrole libyen- et Tripoli qui accueillera prochainement une ambassade au drapeau étoilé. »

La troisième réserve pétrolière du Moyen-Orient, la Libye va jouir d’une liberté économique absolument nouvelle.

L’embargo était étouffant pour ce pays, écroué au sol international à cause de son « leader ». Dépassé par le temps, isolé, non plus respecté des autres fous du monde, Kadhafi a fait son choix ; il aura de bonnes relations avec les Etats-Unis.

Que Kadhafi veuille se refaire une jeunesse, c’est déjà étrange mais compréhensible. Dans le monde du terrorisme, il est devenu un dinosaure ; mieux encore, c’est comme un vieil oncle de la famille, qui n’a plus rien à dire, qu’on évite autant que possible. Autant qu’il refasse son image.

Mais que les Etats-Unis se disent prêts à le croire, c’est plus difficile à l’avaler.

Preuve ? Moins d’une semaine après que Condi Rice s’est déclarée « heureuse » de renouveler les relations diplomatiques avec Tripoli, Kadhafi accueille Hugo Chavez !

Un bon ami conservateur américain, que j’aime beaucoup et qui m’aide souvent à mieux comprendre l’état d’esprit des conservateurs Américains m’avaient un jour dit, en parlant de l’Iran et l’Irak, que « les Américains vous croient quand vous dites que vous voulez les tuer ».

J’avais immédiatement pensé qu’il ne comprend pas la mentalité moyen-orientale, la passion et l’esprit de l’exagération qui pénètre tous les niveaux du langage moyen-oriental. Mais qu’importe. Je n’avais pas continué la discussion.

Aujourd’hui, je comprends encore mieux ce qu’il voulait me dire. Apparemment, les Américains vous croient tout aussi facilement quand vous prétendez, avec un sourire poli, trop poli, que vous ne voulez plus les tuer.

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