mardi, juillet 04, 2006

Zinn et le Nationalisme

(Voici ma traduction d’un article de l’historien Howard Zinn, publié ce matin.) Mettre les Drapeaux de côté A l’occasion de ce 4 juillet, nous ferions mieux de renoncer au nationalisme et à tous ses symboles : ses drapeaux, ses Serments, ses hymnes, son insistance dans ses chansons que Dieu a choisi de bénir l’Amérique. Le nationalisme – ce dévouement à un drapeau, à un hymne, si farouchement à une frontière qu’il engendre des massacres massifs – n’est-il pas un des pire maux de notre époque, tout comme le racisme et la haine religieuse ? Ces façons de penser – cultivées, développées, inculquées dans nos esprits dés l’enfance – ont servi ceux qui sont au pouvoir et ont tué les impuissants. L’esprit national peut être inoffensif dans un pays qui est petit et qui n’a ni une armée ni une soif de d’expansion (comme la Suisse, la Norvège, le Costa Rica et bien d’autres). Mais dans une nation comme la notre – énorme, possédant des armes de destruction massive – ce qui aurait pu être une fierté innocente devient un nationalisme arrogant et dangereux pour les autres et pour nous-même. En tant que citoyen, nous avons grandi en croyant que notre nation est différente des autres, qu’elle est exceptionnelle dans le monde, moralement unique, s’implantant chez les autres afin d’y apporter la civilisation, la liberté et la démocratie. Cette duperie ne date pas d’hier. Quand les colons Anglais ont envahi le sol Indien dans la baie de Massachusetts et se sont heurtés à une résistance, la violence a mené à la guerre des Pequots. On pensait que le massacre des Indiens était approuvé par Dieu et que l’invasion du sol était ordonnée par la Bible. Les puritains avaient cité un des Psaumes qui dit : « Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, Les extrémités de la terre pour possession ». Quand les Anglais ont mis le feu à un village Pequot, tuant les hommes, les femmes et les enfants, le théologien puritain Cotton Mather a déclaré : « On pense que pas moins de 600 âmes étaient envoyé à l’enfer ce jour-là. » A la veille de la guerre du Mexique, un journaliste Américain avait déclaré que notre « Destinée Manifeste s’est entendue sur tout le continent que la Providence nous offre». L’invasion de la Mexique déjà commencée, le New York Herlad annonça : « Nous croyons que civiliser ce joli pays fait parti de notre destinée. » C’était toujours pour des buts soi-disant innocents que notre pays est allé en guerre. Nous avons envahi le Cuba en 1898 pour libérer les Cubains, et sommes allé en guerre dans les Philippines peu de temps après, comme disait le président McKinley, « pour civiliser et christianiser » les philippins. Alors que nos forces armées commettaient des massacres dans les Philippines (au moins 600,000 philippins moururent en l’espace de quelques années de conflits), Elihu Root, notre ministre de la guerre, disait « Le soldat américain est différent des soldats de tous les autres pays depuis que la guerre a commencé. Il est l’avant-garde de la liberté et la justice, de l’ordre publique, de la paix et du bonheur ». Nous voyons en Irak que nos soldats ne sont pas différents. Ils ont tué, peut-être contrairement à leur bonne nature, des milliers de civils Iraquiens. Et certains se sont montrés capables de commettre des actes de brutalité et de torture. Et pourtant, eux aussi sont des victimes des mensonges de notre gouvernement. Combien de fois avons-nous entendu le président Bush et le ministre de la défense Donald Rumsfeld dire aux soldats que, si ils meurent, que si ils retournent sans bras ou jambes, ou que si ils deviennent aveugles c’est pour la « liberté » ou la « démocratie » ? Un des effets de la pensée nationaliste est la perte d’un sens de la proportion. Le massacre de 2,300 personnes à Pearl Harbor sert à justifer le massacre de 240,000 à Hiroshima et Nagasaki. Le massacre de 3,000 personnes du 11 septembre sert à justifier la mort des dizaines de milliers de personnes en Afghanistan et en Irak. Et le nationalisme devient encore plus virulent, quand il se croit béni par la Providence. Aujourd’hui, nous avons un président qui, ayant envahis deux pays en quatre ans, l’année dernière durant sa campagne électorale, déclare qu’à travers lui Dieu se révèle. Nous avons besoin de rejeter cette idée selon laquelle notre nation est différente et moralement supérieure aux autres puissances impériales de l’histoire du monde. Nous devons prêter serment non pas à une seule nation, mais au genre humain.
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