mardi, août 22, 2006

Attaques

En rouge: le nombre d’attaques par mois contre les forces de la Coalition En marron : le nombre d’attaques par mois contre la population civile et les membres du gouvernement Iraquien. En jaune : le nombre d’attaques par mois contre l’infrastructure et les forces de sécurités Iraquiennes. Trois étapes importantes – l’Assemblée provisoire, le referendum sur la constitution et la première élection nationale – sont clairement indiquées. Chacune de ces étapes étaient considérées comme un moment décisif, qui mènerait vers la paix…

lundi, août 21, 2006

Confession

La presse internationale a mentionné des aspects différents de la conférence de presse de Bush. Le Nouvel Observateur, tout juste avant la rencontre avec la presse prévoyait que l’ « intervention devrait être centrée sur le Liban, notamment sur l'aide humanitaire et le renforcement dans le Sud du pays du Cèdre de la Force intérimaire des Nations unies au Liban ». En effet, il en a parlé (et je reviendrai sur sa réponse prochainement.) Il a aussi parlé de l’Iraq : « Le président américain George W. Bush a exclu lundi un retrait rapide des troupes américaines en Irak et a fait part de son inquiétude quant à une guerre civile dans ce pays. » Ma partie préférée de la conférence de presse est la suivante. Ma traduction essaie de refléter le ton informel du président :
PRESIDENT: Bon, écoutez, nous sommes allés en Iraq, en partie – la raison principale pour laquelle nous sommes allés en Iraq à l’époque était que nous pensions que l’Iraq avait des armes de destruction massive. Il s’est avéré qu’il n’en avait pas, mais il avait la capacité d’en avoir.
Finalement, il admet que « la raison principale » était les ADM – et qu’il n’y en avait pas. Je trouve son ton nonchalant toujours fascinant. Mais dans ce cas, la traduction ne reflète pas le changement grammatical. Il commence la phrase en parlant d’Iraq – le pays – et puis il utilise le pronom « he » -- traduit par « il » -- mais « he » n’est pas une référence au pays mais à une personne. Donc Iraq = Saddam.

dimanche, août 20, 2006

1250 Jours

J’avais déjà parle du nombre de journalistes tués pendant cette guerre, en comparaison avec la Second guerre mondiale. Voici une autre étape franchie pour les Etats-Unis:

  • Seconde Guerre Mondiale: 12 Décembre 1941- 8 Mai 1945 : 1244 Jours
  • Seconde Guerre du Golf : 20 Mars 2003 – Aujourd’hui : 1250 Jours

Et ce n’est pas fini…

samedi, août 19, 2006

Continuation...

Pour continuer le billet d'hier -- du Courrier International:
Dans The Guardian, George Monbiot note que l'hypothèse d'une "attaque israélienne préméditée" est désormais confirmée. Cet éditorialiste du quotidien britannique de gauche étaye son propos. "Les motivations de l'administration Bush sont faciles à comprendre. Les néoconservateurs pensent qu'en attaquant le Hezbollah Israël les aide à affronter l'Iran." Et d'ajouter, inquiet : "Bush perd de plus en plus pied avec la réalité et il semble vraiment croire qu'il est engagé dans une ultime confrontation avec les forces du mal, qui doit aboutir à un triomphe de 'la liberté et la démocratie' aussi définitif que la seconde venue du Messie. Dans les deux cas - lutte du bien contre le mal et venue du Messie -, la suite est l'Apocalypse." Reste que ceux qui perdent cette guerre, c'est "le peuple libanais et le nord d'Israël, bien sûr, mais peut-être, un jour, nous autres". Des experts militaires et du Moyen-Orient ont également souligné les liens qui unissent les situations conflictuelles entre Israël et le Hezbollah et entre Washington et Téhéran. Dans un article intitulé "Baliser le terrain pour les Etats-Unis en Iran" et publié par Asia Times, Gareth Porter cite l'Américain Edward Luttwak, selon lequel "l'objectif de la campagne d'Israël contre le Hezbollah était de faire changer d'avis l'administration Bush, qui redoute d'attaquer l'Iran" par crainte des représailles de son allié le Hezbollah contre Israël. Pour Gareth Porter, "la visite auprès de George W. Bush du Premier ministre Ehoud Olmert, le 23 mai dernier, avait clairement pour but principal de pousser les Etats-Unis à accepter d'utiliser la force, si nécessaire, pour stopper le programme iranien d'enrichissement d'uranium." Pour l'expert militaire Ehsan Ahrari, toujours dans Asia Times, si l'implication de l'administration Bush dans la planification des représailles israéliennes "est vraie, alors l'image de l'Amérique en tant que puissance militaire, aux côtés de celle de l'armée israélienne, a été sévérement ternie. Les conséquences négatives de l'échec perceptible d'Israël à détruire les capacités militaires du Hezbollah ne sont pas terminées. Les Etats-Unis pourraient chuter plus lourdement en raison de ce fiasco."

vendredi, août 18, 2006

Cochons de Beyrouth

Il est de plus en plus évident que la guerre du Liban était en préparation, bien avant le 12 Juillet. Il y a une autre perspective qu’il faudra aussi considérer :
La guerre au Liban n'a été ni « imposée » ni « improvisée ». Elle a été longuement préparée par Israël et les États-Unis, et son objectif est de tester la meilleure stratégie pour frapper l'Iran et ses installations nucléaires. C'est ce qu'écrit le journaliste Seymour Hersh dans une longue enquête parue hier dans l'hebdomadaire The New Yorker. La capture de deux soldats israéliens le 12 juillet par le Hezbollah n'a été qu'un prétexte, comme tant d'autres incidents qui ont lieu de temps à autre sans qu'Israël décide de les traiter comme des casus belli majeurs, dit-il.
Donc le Liban était un teste, une préparation pour l’Iran. Et du point de bue l’Iran ? D’après Robert Fisk :
Il est évident que l’Iran, le supporter principal du Hezbollah, pense de la même façon. Le président Mahmoud Ahmadinejad, qui d'habitude parle plus qu’il ne pense, a condamné les Etats-Unis pour avoir donné à Israël des armes qui étaient utilisées contre les civils libanais – ce qui est parfaitement juste. Mais il n'a pas dit que les missiles que le Hezbollah a utilisés viennent d'une nouvelle génération de l’arsenal Iranien qui n'existait pas pendant la guerre Iran-Iraq (1980-88). Alors que les Etats-Unis avaient hâte de mesurer l’efficacité de ses armes – même si ce teste a principalement ciblé les civils – personne ne devrait douter que l’Iran aussi était en train d’évaluer l’efficacité – et l’impact sur l’armée Israélienne – de ses nouveaux missiles « Fajr ».

jeudi, août 17, 2006

Frayeur électorale II

Je l’avais indiqué, il y a quelques jours:
Environ 30% des Américains ne sont plus capables de dire en quelle année ont eu lieu les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, selon un sondage du Washington Post publié mercredi par le quotidien.
D’après le Télégraphe de Londres : • 57% des Américains savent qui est Harry Potter • Seulement 50% ont pu nommer le premier ministre britannique Tony Blair Et encore : • 77% des Américains peuvent nommer deux des sept nains de Blanche Neige • 24% peuvent nommer deux des neufs juges de la court suprême du pays.

mercredi, août 16, 2006

Surprise?

12 Juillet 2006: le Hezbollah kidnappe deux soldats Israéliens. Le monde blâme le Hezbollah pour avoir provoquer une guerre. Apparemment, si ce n’était pas pour Hezbollah, il n’y aurait pas eu de guerre. 12 Juillet 2006 :
Les parlementaires israéliens ont appelé à la démission du chef d'état-major des armées, le général Dan Halutz, après qu'un quotidien a révélé qu'il avait vendu son portefeuille d'actions très peu de temps avant le déclenchement du conflit avec le Hezbollah au Liban. Le général Halutz a admis avoir vendu des actions pour un montant de 120.000 nouveaux shekels (14.000 euros) le 12 juillet à midi, soit seulement trois heures après le raid du Hezbollah contre une patrouille israélienne qui s'était soldé par la mort de trois soldats israéliens et la capture de deux autres. Le gouvernement a ordonné la riposte contre l'organisation chiite pro-iranienne dans la journée.
Le chef de l’armée Israélien – le jour même de l’incident – vend ses actions. La guerre était déjà préparée ; elle était déjà en place. Il le savait. La bourse Israélienne n’a fait que chuter pendant le conflit ! Et s’il fallait encore plus d’évidence :
Le gouvernement américain a participé de près à la planification des opérations militaires israéliennes contre le Hezbollah, avant même l'enlèvement de deux soldats israéliens le 12 juillet, écrit le magazine The New Yorker dans sa dernière édition.
Le reste...

mardi, août 15, 2006

Mossadegh

Hier, j’ai parlé des questions étranges adressées aux Moyen-Orientaux. Etant Iranien, une d’entre elles – « pourquoi ne pouvez pas être démocratique, comme nous ? ». Etant Iranien, je n’aime pas être impoli ; mais la réponse qui me passe toujours par la tête est la suivante : «en fait, on avait une démocratie formidable jusqu'en 1953 où les américains ont mené un coup d’état contre notre premier ministre populaire, Mossadegh, renforçant le régime tyrannique du Shah, qui a mené à la révolution. » Mais je ne le dis pas souvent. Etant donné que ce coup d’état était mené en Août (1953), c’est une bonne occasion d’en parler. Mais je vais lasser la parole à un autre bloggeur, qui a écrit un excellent billet à ce sujet. Je le recommande vivement.

lundi, août 14, 2006

La malédiction du Sud (Est?)


Les crises – actuelles et typiques – du Moyen-Orient se transforment en questions étranges, adressées souvent à des Moyen-orientaux comme moi. Par exemple : pourquoi êtes-vous incapable d’avoir un gouvernement démocratique ? (Je reviendrais sur cette bêtise une autre fois.) Ou encore : pourquoi est-ce que les gouvernements des pays arabes ne font rien pour, arrêter le fondamentalisme, ou pour empêcher la croissance du terrorisme, ou… ?

C’est presque une bonne question, si elle n’avait pas de mauvaise intention. C’est une bonne question si au lieu d’accuser les Moyen-orientaux, on venait à apprécier précisément la malédiction des pays du Sud (en voie de développement). Non seulement il n’y a pas assez de résistances face à la violence terroriste, nous sommes aussi dépourvu de bons gouvernements, ou même de gouvernements médiocres. L’Occident ne doit pas s’en réjouir tant que ça. Traditionnellement, les gouvernements totalitaires ou incompétents ont été maintenus en place avec l’aide de l’occident, surtout des États-Unis, du moment où le tyran servait les intérêts occidentaux.

Mais même si je ne voudrais jamais mettre de coté la responsabilité des occidentaux, il est vrai que le pouvoir dans les pays du Sud est absurdement mal géré. Petite anecdote qui en dit long :

Il y a plus de 1700 diplomates aux Nations Unis, dont le siège se trouve à New York. Etant diplomates, donc quasiment au-dessus de toute loi, ils se garent un peu n’importe où. Comme si le problème de parking n’était pas assez grave à New York, les diplomates empirent les choses. D’après The Economist, au moins 18 millions de dollars de PV reçus par les diplomates ne sont jamais payés.

Ce n’est pas très surprenant, sachant que la loi locale New Yorkaise n’a pas la juridiction nécessaire pour forcer les paiements.

Mais ce qui est plus fascinant est que presque toutes les contraventions sont originaires des pays corrompus. L’Angleterre et le Canada n’ont par exemple reçu aucune contravention. Le Tchad, par exemple, est un des pays qui le plus d’amandes.

C’est en effet terrible. Ca montre que les gens au pouvoir n’ont aucun respect pour ceux qu’ils représentent.

Oh…j’ai presque oublié. L’ambassade des États-Unis à Londres a accumulés plus de $700,000 en contraventions impayés aussi…donc ce n’est pas un problème du tiers-monde. C’est un problème des gens qui ne se croient au-dessus de la loi…qu’importe le pays…

dimanche, août 13, 2006

Les impressions différentes

Voici quatre premières pages du même jour (5 août): FRANCE -- LE MONDE: GB -- HERLAD TRIBUNE: "Les Israéliens coupent les routes menant au Liban" ESPAGNE -- EL PAIS: "Israël isole Beyrouth et provoque un autre massacre de civils." USA -- WASHINGTON POST: "Au sud étroit du Liban, la fumée pointe à la bataille à chaque mètre"

samedi, août 12, 2006

Un autre aspect du conflit

D’après le quotidien libanais L’Orient le Jour :
La guerre menée par Israël au Liban a particulièrement affecté le secteur agricole, qui contribue à hauteur de 7 % du PIB. En effet, la plupart des surfaces cultivées du pays se trouvent au Sud et dans la plaine de la Békaa, les deux régions les plus touchées par les bombardements, où de nombreux champs ont été brûlés. De plus, les récoltes ne peuvent être écoulées, ni à l’intérieur ni à l’extérieur du pays, à cause de la coupure des routes, du bombardement des camions transportant les fruits et légumes et de la fuite de la main-d’œuvre, majoritairement étrangère. Le président de l’Union des syndicats des agriculteurs et des fermiers, Antoine Hoyek, a déclaré hier que les pertes subies par le secteur agricole ont été évaluées à plus de 120 millions de dollars, selon un bilan préliminaire.

vendredi, août 11, 2006

Beyrouth: avant et maintenant

mercredi, août 09, 2006

Frayeur électorale

Que devons nous trouver plus inquiétant pour la santé d’une démocratie?

Premier cas : les jeunes ne votent pas. Aux Etats-Unis, où la participation électorale est plus faible que les autres démocraties, voici le taux de participation :

  • 33% des 18-24 ans
  • 49% des 25-44 ans
  • 64% des 45-64 ans
  • 67% des 65 + ans

Il est bien connu que les plus âgés votent plus régulièrement. C’est dommage pour les jeunes mais …

Deuxième cas :

Environ 30% des Américains ne sont plus capables de dire en quelle année ont eu lieu les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, selon un sondage du Washington Post publié mercredi par le quotidien. Alors que les Etats-Unis se préparent à commémorer pour la 5ème fois les attaques suicides qui ont fait près de 3.000 morts et bouleversé le monde, 95% des Américains interrogés pour le sondage se souviennent qu'elles ont eu lieu un 11 septembre. Mais quand on leur demande en quelle année, ils ne sont plus que 70% à répondre "2001": 16% reconnaissent qu'ils ne savent pas, 6% citent une date antérieure et 8% une date ultérieure.

Ce trou de mémoire est essentiellement le fait des plus âgés: 48% des 55-64 ans et 47% des plus de 65 ans ne parviennent pas à donner la bonne année.

C’est une pub ; ça doit être vrai



En Iraq. Le panneau indique : "Les patrouilles et les convoies militaires sont là pour votre protection."

mardi, août 08, 2006

Pauvre BP

La décision de la compagnie pétrolière BP a déjà fait la une des journaux. En résumé :
Les incidents s’accumulent aux Etats-Unis pour British Petroleum. Après une explosion dans une raffinerie au Texas en 2005 et deux fuites ces derniers mois en Alaska, la découverte d’une nouvelle fissure sur un oléoduc conduit la compagnie britannique à fermer son champ pétrolier de Prudhoe Bay, le plus important gisement américain. Cette décision a provoqué une nouvelle envolée du prix du baril.
Ce matin, à la radio, les responsables de BP disaient qu’ils étaient surpris par les dégâts. Surpris ?
Si BP a décidé d’employer les grands moyens et d’interrompre sa production en Alaska, c’est parce que cette nouvelle fuite, certes bénigne, intervient quelques mois après de précédents incidents du même genre. En mars, une pollution plus importante avait déjà été provoquée par des problèmes de corrosion. BP est convoquée par la justice pour s’expliquer sur cet accident. Au moins 760 000 litres de pétrole s’étaient déversés dans la toundra.
Clairement, ce n’est pas une question de surprise. On parle aussi du coût nécessaire pour maintenir les oléoducs. Le coût ? Les profits de BP, allant du mois de Mars jusqu’à juin 2006, ont atteint 7,27 milliards de dollars…soit 55,000 dollars de profits par minute.

lundi, août 07, 2006

une pensée terrible et affolante

Ma traduction d'un article de Robert Fisk (08/05/2006) ====== Une pensée terrible et affolante: il y aura un autre 11 Septembre. La pièce a tremblé. Mon appartement ne s’est pas tant secoué depuis le tremblement de terre de 1983. C’était à cause de la force des explosions Israéliennes dans la banlieue sud de Beyrouth, cinq kilomètres de chez moi. Hier matin, la pression atmosphérique a changé à la maison ; dehors, dans la rue, les palmiers étaient déplacés. Est-ce que ce sera comme ça tous les jours ? Combien de civils peut-on forcer à devenir sans-abri avant de forcer une révolution ? Qu’arrivera-t-il ensuite ? Les Israéliens vont bombarder le centre de Beyrouth ? Le Corniche ? Est-ce la raison pour laquelle les navires de guerre étrangers sont venus rapatrier leurs citoyens, pour préparer Beyrouth pour la destruction ? Hier, cela va sans dire, était un autre jour de massacres, grands et petits. Le plus grand massacre apparemment était au nord du Liban, tuant 40 fermiers, dont certains étaient des Kurdes – un peuple qui n’a même pas de pays. Un missile Israélien, dit-on, a explosé alors qu’ils chargeaient des légumes dans un camion réfrigéré, pas loin d’Al-Qaa, un petit village à l’est de Hermel dans au nord. Les blessés étaient transportés en Syrie, car toutes les routes du Liban ont été détruites par les bombardements Israéliens. Plus tard, nous avons appris qu’une attaque aérienne a détruit une maison dans le village de Taibeh, au sud, tuant sept civils et blessant dix autres, qui cherchaient à s’abriter contre les attaques. En l'Israël deux civils ont été tués par les missiles du Hezbollah mais, comme d'habitude, le Liban a subi le poids des attaques du jour qui se sont concentrées – aussi invraisemblable que cela puisse paraître – sur les centres chrétiens, qui sont traditionnellement solidaires avec Israël. C'était la communauté chrétienne maronite dont les miliciens Phalangistes s’étaient rangés au côté d'Israël durant l’invasion de 1982 de Liban. Et pourtant hier l’armée de l'air d'Israël a attaqué trois ponts au nord de Beyrouth et - comme d'habitude - c'était les petits gens qui moururent. L’un d’entre eux était Joseph Bassil, un homme chrétien de 65 ans, qui comme d’habitude était sorti faire son jogging avec quatre amis, au nord de Jounieh. « Ses amis sont partis après avoir parcouru quatre fois le long du pont, nous relate un membre de sa famille un peu plus tard, et Joseph a décidé de faire un tour de plus sur le pont. C’est ce qui l’a tué. » Les Israéliens n'ont pas donné de raison pour les attaques - aucun combattant du Hezbollah ne s’est jamais aventuré dans cette forteresse de chrétiens maronite. Maintenant, les convois humanitaires ne s’y aventureront pas non plus. On a peur au Liban que ces dernières attaques aériennes soient les effets de la frustration et non pas de la stratégie militaire d’Israël. En effet, alors que la guerre continue à tuer des innocents – Libanais en majorité – le conflit semble de plus en plus n’avoir plus d’objectif précis. Les forces aériennes de l’Israël ont peut-être réussi à tuer 50 membres du Hezbollah – mais aussi 600 civils, des ponts, des laitiers, les stations de services, les réserves de pétroles, les pistes d'aéroport et les milliers de maisons. Mais à quelle fin ? Est-ce que l’Amérique peut encore croire que le but d’Israël est de détruire le Hezbollah, alors que son armée en est clairement incapable ? Washington ne se rend-il pas compte que quand Israël se fatiguera de cette guerre, il plaidera pour un cessez-le-feu que seul Washington pourra obtenir mais en faisant ce qu’il déteste le plus : aller à Damas et demander l'aide de Bashar Al-Assad, le président de la Syrie ? Qu’arrivera-t-il au Liban, entre temps ? Les ponts et les bâtiments peuvent être reconstruits – sans doute avec des prêts de l’union européenne – mais beaucoup de libanais commencent à mettre en doute les institutions même de la démocratie, ce dont les Américains chantaient les louanges il y a de cela un an. A quoi sert un gouvernement démocratiquement élu au Liban s’il est incapable de protéger son peuple ? Pourquoi avoir une armée de 75,000 soldats si elle est incapable de protéger sa nation, si elle ne peut pas être envoyée à la frontière, si elle ne peut pas attaquer les ennemis de Liban, et si elle ne peut pas désarmer le Hezbollah ? En effet, pour beaucoup de shiites libanais, le Hezbollah est maintenant l'armée libanaise. La résistance du Hezbollah a été si féroce, et son attaque contre les forces terrestres Israéliennes si déterminée que beaucoup de gens ici semblent ne plus se rappeler que c'était le Hezbollah qui a provoqué cette dernière guerre en traversant la frontière le 12 juillet dernier, tuant trois soldats Israéliens et en capturant deux autres. Les menaces de l'Israël d'élargir le conflit sont désormais accueillies avec amusement et non plus avec horreur par la population libanaise, qui depuis trente ans écoute les avertissements d'Israël avec une lassitude croissante. Et pourtant ils craignent pour leurs vies. Si Tel-Aviv est frappé, est-ce que Beyrouth sera épargné ? Ou si le centre de Beyrouth est frappé, est-ce que Tel-Aviv sera épargné ? Hezbollah utilise maintenant le discours d’Israël – oeil pour oeil. Chaque provocation verbale Israélienne se heurte à une provocation verbale du Hezbollah. Et est-ce que les Israéliens se rendent compte qu'ils légitiment le Hezbollah, qu'une armée désordonnée de guérillas est en train de se prouver en gagnant contre une armée Israélienne dont les cibles, si elles sont délibérées feront d’elle une criminelle de guerre et si elles sont accidentelles suggèrent qu’elle est à peine plus avancée que les forces arabes, avec qui elle se bat, de façon intermittente, depuis plus d’un demi-siècle ? Des précédents extraordinaires sont en train d’être crées dans cette guerre au Liban. En effet, un des plus grands changements dans la région, depuis trente ans, est le refus des Arabes d’avoir peur. Leurs dirigeants - nos dirigeants arabes« modérés », partisans de l'ouest – comme le Roi Abdullah de la Jordanie et le Président Mubarak de l’Egypte – ont peut-être peur. Mais pas leurs peuples. Et une fois qu’un peuple n’ait plus peur, on ne peut pas les effrayer de nouveau. Ainsi donc la politique Israélienne d’écraser et de forcer les arabes à se soumettre ne marche plus. C'est un échec politique que les Américains découvrent maintenant en Iraq. Et à travers le monde Musulman, « nous » - l'Ouest, l’Amérique, l’Israël - ne combattons pas des nationalistes mais des islamistes. Et observer le martyre libanais cette semaine - ses enfants abattus à Qana, emballés dans les sacs en plastique jusqu'à ce qu’il n’y ait plus de sacs et qu’on ait dû emballer les corps dans des tapis – une pensée terrible et affolante me passe par la tête – il y aura un autre 9/11.

dimanche, août 06, 2006

Une riche amitié

Les cyniques en politique – un groupe d’après certains amis et lecteurs auquel j’appartiens – pensent que l’amitié entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis est purement basée sur le pétrole. C’est une amitié qui a son coût, à mon avis. Quand les Etats-Unis prétendent vouloir démocratiser le Moyen-Orient et reprochent aux pays comme l’Iran d’être anti-démocratiques, on a du mal à y croire étant donné le soutien de Washington pour le régime Saoudien. Mais bon…pour ne pas être complètement cynique – même si je ne me considère pas dans cette catégorie – il y a une autre vision, non pétrolière, qui rapproche les deux amis : L’Arabie Saoudite cherche à construire un mur « de sécurité tout au long de sa frontière avec l’Irak. » Soit 900 km (560 miles). Les Saoudiens et les texans…ils ont aussi la propagande xénophobe en commun !

samedi, août 05, 2006

"A Man for All Seasons"

Ce n’est pas que j’aime m’en prendre à Rumsfeld (juste un peu peut-être) mais c’est Presque trop facile. On a vu Rumsfled l’historien ; voici Rumsfled le météorologue. Devant le Sénat américain, voici sa réponse concernant la violence en Iraq:
Est-ce que la violence a tendance à augmenter pendant l’été, le printemps et l’automne ? En effet, c’est le cas. Et ça a tendance à baisser en hiver. Est-ce que ça représente un échec politique ? Je ne sais pas. Je ne le crois pas.
Voila à quoi nous sommes réduits : la mythologie – les explications astrologique.

vendredi, août 04, 2006

Vacances

George Bush est en vacances au Texas. Il a passé plus d’un ans au total en vacances depuis qu’il est président. "Vendredi, Jacques Chirac, qui est en vacances au fort de Brégançon depuis mercredi, devrait s'entretenir à nouveau avec le Premier ministre britannique, Tony Blair, a-t-on appris de source diplomatique française. Les deux hommes se sont déjà parlé la semaine dernière."

jeudi, août 03, 2006

Mister Sarkozy

Je l’admets, je n’ai pas lu le livre de Sarkozy. Franchement, ce n’est pas ma première priorité cet été. Mais je n’arrête pas de lire des articles sur ce livre dans tous les journaux anglophones. Il l’adorent… Surtout, ils continuent à perpétuer des mensonges. Tout d’abord, il faut être très clair sur un sujet : Sarkozy ne se prononce pas si clairement que cela :
Sur le plan social, Nicolas Sarkozy a incontestablement mis de l'eau dans son vin depuis la crise du CPE. Il parle toujours d'un modèle à bout de souffle mais n'évoque plus la création du contrat de travail unique, dont les droits se renforceraient au fur et à mesure que le contrat s'allongerait. Pour un homme qui plaide pour une campagne électorale vérité fondée sur quelques propositions concrètes et précises, il y a là une prudence qui dénote une certaine inquiétude : la réforme du modèle social n'est pas dénuée de risques politiques, dans un match gauche-droite qui s'annonce très serré.
Un modèle à bout de souffle ? Clairement, il y a des problèmes économiques en France. Mais dans les journaux Américains, ils adorent blâmer les syndicats et dire que faire la grève est un spot national en France. Si on tient compte des « journées individuelles non travaillées (JINT) rapporté à 1 000 salariés », alors la France est loin d’être le leader de grève. Entre 1998-2004, par exemple, parmi les vingt-cinq pays de l’Europe, le Danemark est largement en tête avec 218 JINT ! La Lituanie et la Slovaquie presque zéro. La moyenne en Europe est de 43 JINT ; c’est 37 en France. Pourtant le mythe d’une France fainéante continue, ici ou en Europe. Et Sarkozy en profite.

mercredi, août 02, 2006

La perspective historique

Voici un passage d’un échange entre le Ministre de la Défense – Rumsfled – et un journaliste, au Pentagone cet après-midi. Ma traduction :
Question : …Pensez-vous que l’Irak se rapproche de la guerre civile ? Rumsfeld : Est-ce que ça se rapproche ? Certainement, on peut dire qu’il y a beaucoup de violence sectaire ; y a des gens qui se tuent. Des Sunnites tuent des Shiites ; les Shiites tuent les Sunnites. Les Kurdes semble ne pas s’en mêler. C’est malheureux, et il faut qu’il y ait un processus de réconciliation. Le premier ministre essaie de faire en sorte que le processus de réconciliation puisse se passer. Il y a une ou deux autres choses qui sont – oh, comment dire – des choses qu’on aimerait qu’ils n’arrivent pas. Il y a si vous voulez un mouvement de Shiites qui partent des coins Sunnites et des Sunnites qui quittent les lieux Shiites. Il y a, certainement, des gens qui veulent quitter le pays et trouver un endroit avec plus de sécurité, à de la violence. Est-ce que ça en fait une guerre civile ? C’est à vous de décider, et nous pouvons aller consulter un dictionnaire et décider comment vous voudriez appeler quelque chose. Mais il me semble, à moi, que ce n’est pas une guerre civile classique en ce moment. C’est…c’est certainement pas comme notre guerre civile.
Je ne suis pas un traducteur professionnel mais traduire Rumsfeld…c’est dur. J’ai essayé de rester fidèle à son ton et son vocabulaire. Je ne suis pas un historien non plus, ni un linguiste. Donc je ne vais pas consulter le dictionnaire. Mais juste pour voir ce qu’il faudrait avant que Rumsfeld admette ou reconnaisse qu’il y une guerre civile, regardons son standard, la guerre Nord-Sud aux Etats-Unis :
  • L’armée du Nord : 2,500,000 soldats ; 360,000 morts
  • L’armée du Sud : 1,250,000 soldats ; 258,000 morts
Puisque l’histoire des États-Unis semble être la seule mesure valable, il faudrait au moins 600,00 morts avant que l’on puisse même commencer à parler de la guerre civile. C’est idiot comme mesure mais puisque c’est la seule qu’il a en tête, où en sommes nous dans le compte? J’avais presque oublié : « Nous, on ne compte pas les morts. » Le général Tommy Frank, le commandant en chef des forces armées américaine en Irak.

mardi, août 01, 2006

Un échec collectif au Moyen-Orient

Voici ma traduction d’un article publié par Shirin Ebadi et Jody Williams, apparu dans International Herald Tribune (01/08/2006) ============= Un échec collectif au Moyen-Orient En tant que lauréates du prix Nobel de la paix, nous observons avec ahurissement le combat entre le Liban et l’Israël devenir incontrôlable, en même temps que la crise dans la bande de Gaza semble disparaître de la conscience publique. Le manque de leadership au niveau mondial concernant cette violence qui touche des centaines de milliers de civils est abominable. L’échec du G8 en juillet, son incapacité à faire face aux infractions flagrantes du droit humanitaire international prouve une réticence dégoûtante à placer la vie des innocents au-delà de la politique. L’usage répété de son droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unis par l’Amérique et son empêchement des efforts pour résoudre cette crise sont malheureusement prévisibles. Le gouvernement de Bush, renforcé par le ton décisif du Congres Américain soutenant les opérations militaires Israélienne, n’a rien fait pour diminuer l’impact accablant ressenti par la population civile. La réunion d’urgence du mois de juillet à Rome, deux semaines après le début de la crise, n’aboutit à rien. Seuls les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Israël s’opposent à un cessez-le feu immédiat. Alors que des membres du gouvernement Américain décrivent la destruction et le chaos comme « des affres de l’accouchement pour un nouveau Moyen-Orient, » comment peuvent-ils s'attendre à autre chose qu’une montée dramatique de l’anti-américanisme à travers le Moyen-Orient, si non à travers le monde entier? En observant la destruction massive du Liban, il serait presque embarrassant de parler de « manque de proportionnalité » en qualifiant la réponse d’Israël au kidnapping de ses trois soldats. C’est une punition collective de la population civile de Gaza et du Liban. Elle est collective mais aussi personnelle, on le lit à travers des e-mails sporadiques de nos consoeurs décrivant la mort et la destruction au Liban. Elle est collective mais personnelle, quand une étudiante du troisième cycle à l'université de Houston nous tient au courant de l'impact de la guerre sur ses parents à Gaza. La destruction délibérée de l'infrastructure civile, y compris des routes, des ponts, des immeubles, des camions de secours, des ports, et de l'aéroport a eu pour conséquence un grand nombre de victimes civiles. Elle a empêché la population civile de s’échapper de la zone du conflit, et elle a empêché l’arrivée de l’aide humanitaire. Les centaines de milliers de réfugiés - peut-être une personne sur cinq au Liban - essayent de se sauver dans un pays où les sorties ont été délibérément détruites. Une grande partie de Beyrouth a été encore une fois réduite à un tas de décombre. Les attaques croissantes du Hezbollah contre les cibles civiles en Israël sont également odieuses et constituent des violations du droit international. Tandis que nous observons la violence augmenter tout le temps au Liban et au nord de l'Israël, la crise de Gaza couve. L’occupation israélienne de Gaza a peut-être changé de forme, mais la réalité est qu’Israël y maintient le contrôle de tous les aspects de la vie. Le premier ministre de l'Israël, Ehud Olmert, a clairement déclaré que ses soldats vont « agir, entrer, et sortir comme il leur plait. » Alors que les attaques israéliennes s’intensifiaient dans le nord, l’armée de l’état Hébreu a également commencé à distribuer des dépliants à Gaza déclarant qu’elle bombarderait toute maison soupçonnée de cacher des armes. Elle avait déjà détruit la seule centrale électrique de Gaza, laissant des dizaines de milliers sans eau et égout. Nous ne comprenons pas comment la communauté internationale puisse continuer à maintenir son silence tandis que les populations entières sont tenues en otage au milieu de ce qui a été décrit comme « autodéfense. » Explicitement ou implicitement par l'inaction, aucune attaque délibérée contre des civils par les groupes armés ne devrait être pardonnée par la communauté internationale. Chaque nouvelle attaque laisse dans son sillage des morts et des blessés. Chaque nouvelle attaque fait d’une autre femme une veuve et crée plus d'orphelins. Chaque nouvelle attaque démontre l'incapacité ou la réticence des gouvernements à exercer leur obligation morale d'arrêter la violence. Chaque nouvelle attaque souligne notre échec collectif à refuser de choisir la violence face à nos problèmes. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit intervenir pour arrêter la violence et pour éviter une escalade du conflit dans lequel toute la région pourrait s’engloutir. Il est grand temps pour des négociations, avec l’aide de la communauté internationale, pour arriver à une paix complète dans le Moyen-Orient. De telles négociations doivent inclure les groupes divers de chaque société, et les femmes de toute la région. Les femmes et les enfants souffrent d'une façon disproportionnée durant et après le conflit, et les femmes doivent avoir une voix dans la recherche de solutions réelles contre la violence. Shirin Ebadi, un avocat iranien, a reçu le prix Nobel de la paix en 2003 pour son travail défendant les droits de l'homme. Jody Williams a reçu le prix Nobel de la paix en 1997 pour son travail avec la campagne internationale pour interdire les mines terrestres.
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