vendredi, juin 30, 2006

Gros nounours

Etant donné qu’au moins 17% des enfants américains sont obèses, des chercheurs universitaires ont donné des jouets plus lourds à certains enfants, pour les faire « travailler » plus tout en jouant. Ca marche ! Mais armer les enfants avec des objets lourds ne semble pas être la solution idéale.

jeudi, juin 29, 2006

Manifestations en Iran

Alors qu’
Il y a eu environ 480 manifestations anti-gouvernement en Iran le mois dernier, se finissant selon le calendrier iranien le 21 juin, d’après le décompte fourni à Iran Focus par des dissidents iraniens. Le mois dernier, les étudiants étaient le groupe le plus actif politiquement, pour avoir organisé au moins 136 manifestations, sit-in, rassemblements et grèves. Parmi les manifestations importantes du mois, nous pouvons citer le rassemblement de 100.000 Azéris ethniques contre le gouvernement dans la ville de Tabriz qui protestaient contre la publication d’un dessin injurieux dans le quotidien officiel Iran.
Et justement, en parlant de la manifestation à Tabriz :
Un groupe de défense des droits humains basé à Téhéran a fait part de ses inquiétudes quant à la dégradation rapide de l’état de santé d’un journaliste iranien emprisonné en mai pour avoir couvert les manifestations anti-gouvernement massives dans les provinces azéries du nord-ouest de l’Iran.
Intimider les journalistes ne va pas changer les faits :
Les dissidents accusent le gouvernement d’imposer une atmosphère de répression en Iran dans le but de terroriser les citoyens et de les dissuader de prendre part à des manifestations. Au moins cinq femmes et deux jeunes de 18 ans ont été exécutés en Iran le mois dernier seulement.

mercredi, juin 28, 2006

Bonne Compagnie

Le Sénat américain a refusé de justesse mardi d'amender la Constitution afin d'interdire toute profanation du drapeau, une mesure hautement symbolique proposée par le chef de la majorité présidentielle Bill Frist. La proposition, qui aurait inscrit dans la Constitution que le Congrès est habilité à interdire la profanation de la bannière étoilée, n'a recueilli que 66 voix contre 34, alors qu'une majorité des deux tiers, soit 67 voix, était requise. Cet amendement constitutionnel, déjà adopté à plusieurs reprises par la Chambre des représentants, se voulait une réponse à une décision de la Cour Suprême, qui en 1989 avait établi que la liberté d'expression garantissait le droit de brûler le drapeau, une pratique assez répandue lors des manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960 et 1970 mais devenue rare.
Ces politiciens semblent n’avoir rien d’autre à faire. C’est de la démagogie pure ; c’est pour diaboliser les Démocrates. C’est comme dire que les Démocrates ne sont pas assez patriotiques. Cette fois-ci, il ne fallait qu’un vote de plus pour atteindre le seuil des 67 voix. A chaque fois, ça se rapproche. Mais au lieu d’attaquer les Démocrates et les insulter d’anti-américanisme, on devrait se rendre compte qu’il y a déjà quelques pays qui ont de telles lois, interdisant toute profanation de drapeau : la Chine, le Cuba, l’Iran et l’Irak sous Saddam – une liste de grands patriotes…

mardi, juin 27, 2006

Chantages

Avec la mondialisation et les gains astronomiques, comment peut-on détourner l’attention ? Protection de l’emploi?

Chez l’équipementier américain Delphi comme chez General Motors, les dirigeants veulent imposer baisses de salaires, réductions de l’assurance-maladie et des fonds de retraite… au nom de la défense de l’emploi. Mais ils empochent des primes vertigineuses.

Le patriotisme?

Le patriotisme économique prôné par la France pour protéger ses fleurons industriels ne parvient guère à résister à la logique des marchés, comme le montre le consentement d'Arcelor à une offre de Mittal au prix fort.

lundi, juin 26, 2006

Traite des personnes

Je continue à trouver des détails choquants à propos de la condition des ouvriers du tiers-monde travaillant dans les bases militaires américaines. (J’en avais déjà parlé ici.) Je ne trouve toujours pas d’articles dans la presse francophone à ce sujet…

En plus des conditions de travail inacceptables, l’armée américaine et les compagnies privés embauchée par le Pentagone systémiquement gardaient (et gardent encore) le passeports de ces travailleurs, les empêchant ainsi d’où bien repartir ou bien de trouver un autre employeur.

Même si la pression des journalistes américains a forcé le Congrès à se pencher sur cette question et d’interdire une telle pratique, un Colonel chargé de cette affaire a témoigné devant le parlement américain, admettant qu’il a encore du mal à forcer ces compagnies privées à rendre les passeports. La pression des parlementaires ne semble pas suffire.

Cette affaire est d’autant plus honteuse que la Maison Blanche, en supportant la construction d’un mur entre le Mexique et les Etats-Unis, n’hésite pas à faire la leçon aux Mexicains :

M. Bush a également indiqué qu'il souhaitait une réforme de l'immigration aux Etats-Unis. Bien qu'il soit opposé à l'octroi d'une amnistie aux immigrés en situation irrégulière, une réforme permettrait de mieux lutter contre la traite des personnes et de mieux protéger les frontières du pays.



dimanche, juin 25, 2006

Le point de vue Africain

Quand Montesquieu écrivit les Lettres Persanes, il cherchait à critiquer la situation monarchique française à travers le point de vue des étrangers. La fraîcheur des perspectives chez Montesquieu était fictive, étant lui-même l’auteur, mais l’idée même est intéressante. Voici comment Sarkozy est vu d’Afrique. L’article se penche sur le jeu politique de Sarkozy qui a cherche à la fois a virer les étrangers mais aussi apparaître accueillant et humain. Aux Etats-Unis, un certain candidat – George W. – se disait un « conservateur compatissant ». (Et on voit comme ça marche bien pour W.)
La clé de ce double langage est sans doute à rechercher dans la perspective de l’élection présidentielle française de mai 2007. Même si nul ne doute de l’attachement de Nicolas Sarkozy aux valeurs républicaines et même s’il ne déplaît pas à l’intéressé de rappeler qu’il est lui-même fils d’immigré - immigré blanc, il est vrai, hongrois, aristocrate de surcroît, installé en France en 1948 et naturalisé deux ans plus tard , l’homme est un animal politique qui a appris auprès de Jacques Chirac l’art et la manière de ne guère s’embarrasser de principes. Conscient de la profonde atonie du programme des socialistes en la matière et fort de l’appui d’une majorité de l’électorat (entre 60 % et 65 % d’opinions favorables), le ministre de l’Intérieur a fait voter une loi dont les contours semblent dessinés pour plaire au vivier du Front national (FN). Une logique d’ailleurs parfaitement revendiquée : « Si le FN a progressé, c’est que nous n’avons pas fait, à droite, notre boulot », expliquait-il récemment, avant de préciser, le 2 mai, à l’Assemblée : « Pour beaucoup de Français, l’immigration est une source d’inquiétude. Ils y voient une menace pour leur sécurité, leur emploi, leur mode de vie. Les Français qui pensent de la sorte ne sont pas moins respectables que les autres. » Le constat n’est peut-être pas faux, mais tout le problème est dans la réponse. Un homme d’État s’emploierait, avec pédagogie et sans craindre l’impopularité, à démonter la réalité de cette menace et à effacer cette peur. Nicolas Sarkozy, lui, a choisi de la chevaucher pour la récupérer en sa faveur. « Si certains n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter », a-t-il répété à deux reprises ?en ce mois de mai, avant d’ajouter : « Si Jean-Marie ?Le Pen dit : le soleil est jaune, devrais-je dire qu’il est bleu ? » Pour un homme très préoccupé par l’image qu’il renvoie de lui-même, les porteurs de pancartes qui ont chahuté sa tournée africaine l’ont donc plus servi que desservi. Son style corrosif, « burné », provocateur, hyperactif et volontiers agressif a trouvé là un terrain - médiatisé - où s’exprimer. Et puis, pourquoi se soucierait-il de ces Maliens et de ces Béninois qui le prennent à partie et parfois l’insultent ? De leur déficit assumé d’intérêt, de connaissance et de mémoire des relations franco-africaines, Sarkozy et ses proches ont fait une politique, définie pour la première fois dans le discours de Cotonou. Un curieux discours, où le plaidoyer en faveur d’une relation adulte et pragmatique côtoie le refus de tout sentiment de culpabilité et le moratoire de la dette historique morale et économique de la France en Afrique. Un zapping général du passé et une remise à plat sans état d’âme qui est en fait le pendant extérieur, à destination des pays de provenance, de la loi de mai 2006 sur l’immigration choisie. Finis, les rapports privilégiés, les coups de fil à l’Élysée et le chantage à la concurrence. Adieu les effusions à la Chirac, les « Cher Omar » et les « Cher Blaise ». Aux Ivoiriens rétifs et à tous ceux qui seraient tentés de les imiter, Nicolas Sarkozy a ainsi prodigué, le 19 mai, le même conseil qu’aux émeutiers de banlieues et aux chanteurs de rap : « Je vois bien que certains pays d’Afrique paraissent aujourd’hui rejeter la France. […] Ils semblent avoir besoin d’un bouc émissaire pour cacher leur propre incurie et s’inventent par ce nouveau mythe une légitimité de façade. […] Qu’ils trouvent eux-mêmes leur chemin. Peut-être nous retrouverons-nous plus tard. » Ou peut-être pas. La France de Sarko ? Love it or leave it…

samedi, juin 24, 2006

La CIA et l’Europe

Quand on a appris que la CIA a des prisons secrètes en Europe, surtout l’Europe de l’Est, il y avait une indignation générale. Et puis, comme toujours, on a appris que les gouvernements Européens étaient parfaitement au courant. Exemple de cette semaine – Al-Masri :

Berlin avait indiqué qu'il n'avait eu connaissance de l'enlèvement, par la CIA, de l'Allemand d'origine libanaise qu'après sa libération en mai 2004. En décembre 2003, M. Masri avait été arrêté lors d'un voyage privé en Macédoine - probablement à la suite d'une confusion de patronyme. Il aurait été transféré en janvier 2004 par un vol secret de la CIA dans une prison afghane, interrogé et battu, avant d'être relâché en mai 2004 en Albanie.

Or un témoin surprise, Wolf-Dietrich Mengel, directeur de Deutsche Telekom en Macédoine à l'époque des faits, a indiqué devant la commission avoir contacté la représentation allemande à Skopje, dès janvier 2004, car il avait apprisqu' "un Allemand" venait d'être enlevé. "J'ai téléphoné à l'ambassade d'Allemagne et l'on m'a dit qu'on était au courant", a dit M. Mengel.

Mais ça ne se limite pas aux gouvernements :

La ministre belge de la Justice, Laurette Onkelinx, a ouvert une double enquête sur l'espionnage de transactions financières internationales par le gouvernement américain. Un espionnage que la Maison Blanche a reconnu pratiquer depuis près de cinq ans par l’intermédiaire de la société belge SWIFT, au nom de la lutte contre le terrorisme. Ce matin, la presse belge a affirmé que la banque nationale de Belgique, ainsi que plusieurs ministres étaient au courant de l’espionnage. La ministre de la Justice a réfuté cette accusation, mais la Banque a admis avoir eu connaissance de ces pratiques.



vendredi, juin 23, 2006

Psaume sponsorial

J’avais auparavant parlé de la croissance de l’antiaméricanisme partout dans le monde. C’est incroyable à quel point ce gouvernement de Bush commet des erreurs diplomatiques, surtout concernant sa propre image – et doit passer son temps à faire du rattrapage. Voici un exemple typique :
De hauts responsables américains ne se gênent plus, aujourd'hui, pour qualifier de "malheureuses" les premières réactions du commandant du camp et d'une spécialiste de la "diplomatie publique" qui ont qualifié les suicides d'"actes de terrorisme", voire de "coups de pub". M. Bush, soulignent ces mêmes responsables, a fait preuve de plus de sensibilité en exprimant sa "préoccupation" et le souhait que les dépouilles des détenus soient traitées avec respect.
Malheureusement, le pire, c’est qu’ils n’ont toujours pas appris la leçon. En parlant de « publicités » et de « suicide », d’aprèsle magazine Newsweek, la Maison Blanche a engagé une agence publicitaire de Los Angeles pour produire des publicités hollywoodiennes – chère mais de « haute qualité » – imitant le film Matrix, pour convaincre les Iraquiens de ne pas « commettre un attentat-suicide ». Ce spot sera diffusé cet été en Iraq, par une chaîne entièrement financée par les Américains. Newsweek se demande si cet effort ne sera pas « mal compris ». Peut-être que cette publicité sera perçue comme de la propagande, conclut l’article. Peut-être ?

jeudi, juin 22, 2006

Le miroir

Le Figaro le dit bien, Bush est bien sur la défensive. Son voyage en Europe manque parfois d’hospitalité, mais il s’y attendait. Apres tout, c’est toute sa politique étrangère, mais surtout son intervention en Iraq qui est jugée par les Européens. Hier, Bob Denard, le mercenaire, était condamné à cinq de prisons avec sursis et les journaux d’aujourd’hui en parlent. Mais il y a un passage important – qui n’apparaît pas partout :

Le mercenaire français Bob Denard, 77 ans, a été condamné mardi à 5 ans de prison avec sursis pour sa participation à un coup d'Etat aux Comores en 1995 mais le tribunal correctionnel de Paris a également pointé du doigt le rôle des services secrets français dans cette opération. … Selon le jugement, il est "évident que les services secrets français avaient eu connaissance du projet de coup d'Etat conçu par Robert Denard, de ses préparatifs et de son exécution".

"Il est tout aussi manifeste qu'au moins ils n'avaient rien fait pour l'entraver et qu'ils l'avaient donc laissé arriver à son terme. En conséquence, c'est que les responsables politiques l'avaient nécessairement voulu aussi", souligne la décision.

mercredi, juin 21, 2006

Les traducteurs

Il y a deux jours, j’avais parlé de la condition de certains travailleurs du tiers-monde dans les bases militaires en Iraq. Un autre poste important est celui de l’interprète/traducteurs. Ils sont mieux payés que ceux qui travaillent à la cantine. Mais c’est un travail bien dangereux.

Depuis 2003, 439 d’entre eux ont été blesses. 181 sont mort.

mardi, juin 20, 2006

"Losing my religion"

Reuters: "Le vénérable Non Nget de Phnom Penh a invité les 40.000 moines bouddhistes du Cambodge à conserver leur calme lorsqu'ils regardent les matches de la Coupe du monde de football, sous peine d'être défroqués. Non Nget a déclaré que les moines devaient éviter de voir les matches en public, de manifester leurs sentiments ou, pire encore, de parier sur les résultats, autant de comportements contraires au bouddhisme. "C'est très difficile de les interdire parce qu'avec les nouvelles technologies, les rencontres peuvent être retransmises en direct et vues n'importe où", a souligné le vénérable Non Nget. "S'ils regardent, ils doivent rester calmes." "Mais s'ils font du bruit ou s'agitent en regardant les matches, ils quitteront les ordres", a-t-il averti."

lundi, juin 19, 2006

De la démocratie-américaine en Iraq

Président Bush, Février 2001 : « Nous nous battrons pour la liberté des marchés, le libre-échange, et la liberté contre l’oppression ».

Président Bush, Octobre 2001 : « Les terroristes ont attaqué le World Trade Center, et nous allons les battre en élargissant et encourageant le libre-échange ».

CNN, 2006 : Les compagnies privées, payés par le gouvernement américain, gagnent des milliards de dollars.

Marketplace, un programme de la radio publique, a fait sa propre enquête. Les compagnies du secteur privé sont embauchées, entre autre, pour maintenir l’infrastructure de l’armée américaine – comme par exemple, gérer les cantines :

  • Les travailleurs à la cantine sont presque tous des étrangers du tiers-monde, embauchés par, par exemple Renaissance Coorporation de l’Oman, qui est embauché par KBR, qui est embauché par Halliburton. Chaque employeur se sert une grande partie de l’argent des contribuables américains avant de passer la responsabilité à une compagnie en dessous, qui suit son exemple.

  • A la fin, les salariés à la cantine gagent 250 dollars par mois.  

  • Ils travaillent 12 heures par jours.

  • Ils ont deux jours de congés par mois.

dimanche, juin 18, 2006

Un, deux, trois…silence

UN : Avant-hier, le 16 juin, c’était le trentième anniversaire du massacre de Soweto en Afrique du Sud :
Ce 16 juin 1976, tout commence par une manifestation pacifique de lycéens à Soweto, le ghetto noir construit dans la banlieue de Johannesburg par le régime d'apartheid sud-africain pour séparer les populations noires des populations blanches. Ces 15.000 à 20.000 adolescents non armés entendent protester contre un décret imposant l'afrikaans, la langue de l'oppresseur blanc, comme nouvelle langue d'enseignement dans toutes les écoles noires. La police réagit avec une force brutale, tirant à balles réelles sur ces lycéens sans défense. Dans les jours qui suivent, les émeutes se propagent à d'autres villes du pays et durent tout le reste de l'année 1976, faisant au total plus de 500 morts et des milliers de blessés.
Ils manifestaient contre l’Apartheid, mais surtout contre une loi qui subitement, sans transition ou intégration, exigeait que tout enseignement se fasse en Afrikaans, la langue des blancs de l’Apartheid. Le soulèvement, la manifestation contre le silence a marqué l’histoire de la résistance dans le pays. DEUX :
Pour Nicolas Sarkozy, il est concevable de régulariser les papiers des immigrants en situation irrégulière à condition que leurs enfants soient primo scolarisés, deuzio nés en France et tertio ne parlent pas la langue de leur pays d'origine (ailleurs, j'ai lu «n'aient aucun lien avec leur pays d'origine»)… «La langue du pays d'origine» ¬ c'est sur ce point que la «pensée» de Nicolas Sarkozy est la plus claire. Faire de la méconnaissance de la langue du pays d'origine (ou l'«absence de tout lien avec le pays d'origine») par les enfants nés en France une condition à la régularisation des familles, ce n'est pas seulement monstrueux, c'est aussi d'une grande perversité… Interdire à quelqu'un de parler sa langue ou la langue de ses parents, c'est cruel et c'est barbare. Faire de l'ignorance (ou du mensonge) une condition d'intégration, c'est pervers et monstrueux. Et, en pratique, ce n'est pas seulement monstrueux, barbare et pervers. C'est aussi très, très con. Il est impossible qu'un enfant ignore ses origines culturelles ¬ la langue d'origine en est non seulement le coeur mais aussi le vecteur. Et on peut se demander si Nicolas Sarkozy, qui n'hésite jamais à rappeler qu'il est lui-même issu d'une famille d'immigrés, ignore tout de la langue de ses ancêtres. En tout cas, le langage politique du ministre de l'Intérieur n'a rien de maternel. Ce n'est pas un langage, d'ailleurs. Un langage, c'est un outil de communication, d'échange, de partage, d'intelligence.
TROIS : John Walker Lindh – le « Taliban Américain » :
Dans un premier temps, John Walker choisit de plaider non coupable avant de finalement reconnaître avoir "rendu des services aux talibans" et "transporté un explosif". De son côté, le procureur abandonne les principaux chefs d'inculpation, notamment la participation à un complot pour atteinte à la vie d'Américains. Il s'engage à ne pas réclamer plus de 20 ans de prison sans possibilité de libération anticipée.
On ne sait pas tout de l’arrangement entre le prosecteur et Lindh. Nous n’avons que des détails vagues. Mais un article du magazine Esquire nous apprend qu’il lui est formellement interdit de parler l’Arabe – dans toute circonstance. En 2003, à la cantine, devant un gardien de prison, un autre prisonnier musulman lui sourit et dit : « Salam al-aleikum », sans connaître les conditions unique de Lindh. Ce dernier, calmement, sciemment, répond à la salutation, en arabe, « Aleikum al-salam ». Il s’achète un aller simple au mitard.

samedi, juin 17, 2006

"Quand je pense à toi, je pense à moi"

Juste un article important du Libé:
Plus fort que bien des discours sur la paupérisation des classes populaires et moyennes, ces chiffres issus d'une enquête réalisée auprès des personnes faisant appel aux banques alimentaires: une personne sur dix est salariée, 16 % touchent une retraite, 67 % d'entre elles disposent d'un logement durable, 24 % sont hébergées, une personne sur dix seulement vit sans logement. Ces données démontent l'idée reçue qui voudrait que les personnes ayant des difficultés à se nourrir soient toutes exclues et privées des besoins élémentaires. «Les couches de la population ayant recours à l'aide alimentaire augmentent. C'est le constat d'un environnement social dégradé, voire délabré», lâche Pierre de Poret,président de la Fédération française des banques alimentaires (FFBA).
La suite…

vendredi, juin 16, 2006

Simple comme du Chinois

Aujourd’hui, Le Monde se penche sur l’interdépendance sino-américaine. En effet, ces deux géants ont beaucoup en commun : « Leur relation inaugure un nouveau paradigme dans les relations internationales : la fracture stratégique dans une globalisation partagée. Une géopolitique centrifuge et une économie centripète tirent en sens contraire et finissent par se neutraliser. En dépit de la montée du soupçon mutuel, les deux pays sont ligotés par un "Je te tiens, tu me tiens...", sorte d'équilibre de la terreur économique qui se déploie sur trois fronts principaux. » Non seulement l’économie chinoise progresse à un taux vertigineux de presque 10% par an, s’imposant comme une force économique majeure, la Chine :
  • Est le troisième exportateur mondial
  • Est le deuxième consommateur du pétrole, après les Etats-Unis. Pour le moment, la Chine importe 40% de sa consommation. D’ici 2030, ce taux est voué « à passer à 80 % »
De plus : « la Chine est devenue le créancier de l'économie américaine. Assise sur un trésor de réserves de changes de 900 milliards de dollars, elle s'est lancée ces dernières années dans des achats massifs (pour 320 milliards de dollars) de bons du Trésor américains. Deux raisons principales motivent cette politique. D'abord, la demande chinoise permet de défendre la valeur du billet vert et donc de protéger la compétitivité monétaire du "made in China". Eviter que le yuan ne s'apprécie substantiellement par rapport au dollar est une priorité à Pékin. Ensuite, cet appétit de bons du Trésor maintient les taux d'intérêt américains à bas niveau, encourage la consommation - surtout de "made in China", très bon marché - et, finalement, décourage les pressions inflationnistes. » Il n’y a pas de doutes que la Chine a bien adopté le model américain. Considérons un sondage de cette année, mesurant la popularité du capitalisme. Le taux d’approbation :
  • Chine : 74%
  • Etats-Unis : 71%
  • France : 36%
Deux fois plus que les Français, et même plus que les Américains ! Donc l’article nous montre bien l’incontournable nécessité de cette « amitié » forcée. Mais la Chine poursuit un jeu encore plus nuancé, au-delà de ce que Le Monde nous fait croire. La semaine dernière, l’Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS) s’est réunie pour son sixième anniversaire. La présence du président Iranien à ce sommet a fait la une des journaux : « Le président chinois Hu Jintao a rencontré vendredi à Shanghai le président iranien Mahmoud Ahmadinejad pour un échange de vues sur les relations bilatérales et la question nucléaire iranienne. Le gouvernement chinois, a dit Hu, attache une grande importance au développement de ses relations de coopération amicale avec l'Iran et espère élargir continuellement la coopération bilatérale. » Mais cette coopération est plus approfondie qu’elle en a l’air. La Chine ne veut pas simplement un tête-à-tête avec les Etats-Unis. L’OCS : « Fondée le 15 juin 2001, l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) compte aujourd'hui six pays membres, qui sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Il s'agit d'une organisation régionale de coopération multilatérale, créée sur la base d'un mécanisme de concertations entre les chefs d'Etat des "Cinq pays réunis à Shanghai". Elle prône en effet une nouvelle vision de sécurité, un nouveau modèle de coopération régionale et un nouveau type de rapports entre les Etats. Les pays membres ont renforcé leur confiance et leur coopération sur le plan militaire et intensifié leur collaboration substantielle dans la lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme, parvenant ainsi à un consensus sur un soutien mutuel en vue de prévenir et de résoudre pacifiquement les conflits d'ordre international. A la lumière de "l'esprit de Shanghai" basé sur la confiance mutuelle, les avantages réciproques, l'égalité, les consultations et le respect d'une civilisation multiple, l'OCS s'est appliquée à promouvoir l'établissement d'un nouvel ordre politique et économique, équitable et raisonnable, dans le monde, contribuant par là au maintien de la sécurité et de la stabilité dans la région. » La Chine utilise le model Euro- Américain à ses avantages. En ayant la Russie à ses cotés, deux membres du Conseil de Sécurité de l’ONU créent un pole politique non négligeable : d’ailleurs, « Le Pakistan, la Mongolie et l'Inde en sont des membres observateurs. Comme l'est aussi l'Iran. » « En termes de population, de surface et de ressources, l'OCS est bien plus vaste que l'Otan ou l'UE. Elle éclipse les organisations régionales plus anciennes. Ce n'est pas encore un pacte mutuel de défense mais cela va dans ce sens, au fur et à mesure que les liens militaires sino-russes se resserrent. Sa charte défend la "non-ingérence et le non-alignement" tout en cherchant à créer "un nouvel ordre politique et économique international". David Wall, du programme asiatique de Chatham House l'appelle "un club pour autocrates et dictateurs". » En se protégeant les uns et les autres, ces membres ont aussi adopté le discours de « sécurité » à l’américain : « Le président chinois, Hu Jintao, dit que l'OCS représente "un nouveau concept de sécurité" basé sur la confiance et le bénéfice mutuels. "L'expérience a montré que l'OCS est une force importante pour préserver la paix régionale et mondiale", a-t-il déclaré la semaine dernière. Les relations sino-russes, constituant de plus en plus la pierre angulaire de ce groupe, n'ont jamais été meilleures, a-t-il dit. » Avec Ahmadinejad et Poutine, la Chine a plus d’amis qu’on le croirait.

jeudi, juin 15, 2006

L’ennemi de mon ennemi est mon ennemi

Parmi les documents sais depuis la mort de Zarkaoui, il y a des lettres et des déclarations de crises montrant les difficultés d’Al Qaeda. A mon avis, la partie la plus fascinante est la suivante :

« Ce document affirme également que le meilleur moyen de sortir de "la crise" consiste à générer un conflit entre les Etats-Unis et un autre pays comme l'Iran… »

Apparemment, Ahmadinejad et Bush ne sont pas les seuls à vouloir la confrontation. Al Qaeda en profiterait aussi. Comme s’il fallait une raison de plus contre la guerre avec l’Iran…

mercredi, juin 14, 2006

Images des Etats-Unis

Non pas que c’est une surprise mais au cas où vous ne l’aviez pas vu:

L'image des Etats-Unis s'est encore dégradée en 2006 dans le monde, selon une étude annuelle d'opinion réalisée dans 14 pays par le centre de recherches américain Pew, rendue publique mardi à Washington.La guerre en Irak et la présence des troupes américaines dans ce pays continue de "peser" sur l'image des Etats-Unis dans les pays musulmans, mais aussi dans des pays alliés de Washington comme le Japon, ainsi qu'en Europe, indique le centre.En France, 39% des sondés déclarent avoir une opinion favorable des Etats-Unis contre 43% en 2005 et 60% en 2000…Le plus fort recul en une année est enregistré en Espagne: 23% des personnes interrogées ont une image positive des Etats-Unis contre 41% en 2005, et 50% en 2000.


L’étude est longue et j’espère pouvoir revenir sur certains chiffres. Que l’image des Etats-Unis soit dégradée ne surprend personne. Mais voici ce qui m’a le plus surpris.

« Question : Etes-vous au courant des abus à Guantanamo ou Abu Ghraib ? « 

Voici, en pourcentage, les réponses affirmatives :

  • Allemagne : 98%

  • France : 88%

  • Etats-Unis : 76%

  • Grande Bretagne : 90%

  • Espagne : 90%

  • Russie : 58%

  • Pakistan : 21%

  • Indonésie : 28%

Sérieusement ? Seulement 76% des Américains ont entendu parler des abus ? Et seulement 21% des Pakistanais ? Je trouve ces deux chiffres plus étranges que la baisse de la popularité de Bush.

mardi, juin 13, 2006

Désarmant

D’après un centre d’étude ici à Washington, dédié à la défense des enfants contre en partie la pauvreté mais aussi la violence : Durant l’année 2003, 2,827 enfants étaient tués aux Etats-Unis, plus que le nombre total – sur trois ans – de soldats alliés mort en Iraq.
Autres chiffres :
  • Au moins 1,822 d’entre eux victimes d’homicides

  • 151 victimes « d’accidents d’armes à feux »

  • 1,172 enfants noirs

  • 1,554 enfants blancs

  • Pour les 15-19 ans, 4 fois plus probable que la victime soit noire

  • 90% étaient des garçons

  • 1 chance sur 72 qu’un garçon noir soit tué avant l’age de 30 ans

  • 1 chance sur 344 qu’un garçon blanc soit tué avant l’age de 30 ans

  • Toujours en 2003, 56 enfants à l’age de la maternelle tués par une arme à feux

  • Toujours en 2003, 52 policiers tués par une arme à feux
Aucune excuse pour ces vies fragiles perdues à jamais. Nulle.

lundi, juin 12, 2006

The Boss

Aujourd’hui, Bush a réuni ce qu’on appelle ouvertement le « conseil de guerre », pour se pencher sur l’avenir de l’Irak.

Le président américain George W.  Bush a félicité jeudi le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki  qui a terminé la formation de son gouvernement avec la nomination  du ministre de l'Intérieur et du ministre de la Défense. 
     "Ces nouveaux ministres font partie du gouvernement  démocratique qui représente tous les Irakiens. Ils joueront un  rôle essentiel pour aider le gouvernement à traiter ses priorités  qui sont la réconciliation et la reconstruction, mais aussi faire  cesser les enlèvements, les décapitations et les attentats  suicides", a déclaré M. Bush à la Maison Blanche. 

C’est vrai qu’il y a de quoi féliciter Maliki, étant donné le temps qu’il lui a fallu pour former son gouvernement.

Gardez bien en tête les mots de Bush : « Ces nouveaux ministres font partie du gouvernement  démocratique qui représente tous les Irakiens. »

Et puis, sachez aussi que parmi tous ces nouveaux ministres « démocratique » représentant « tous les Irakiens » il y a Mohammad Abdulah Shahwani.  

Qui est Shahwani ? Le chef des services secrets.  Pourquoi pas, puisque tout le monde a besoin d’un travail dans la vie.

Sauf que…ce monsieur avait déjà un travail. Ou même deux ! Il est le seul membre du nouveau gouvernement qui faisait aussi parti du gouvernement de Jaafari. Le seul.

Peut-être qu’il est le plus qualifié. N’empêche qu’apparemment, au moins jusqu’en 2005, il était payé par la CIA.

Le dénominateur commun de l’ancien gouvernement et celui félicité par Bush pour être démocratique, le seul qui n’a pas été viré est un espion pour les Américains.    

dimanche, juin 11, 2006

La mort de Zarkaoui

Parmi les réactions, en voici deux divergentes, que je n’ai pas vues dans les journaux occidentaux:

L’Iran :

Le porte-parole du ministère  iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, a déclaré  dimanche, lors d'un point de presse, que l'Iran était "content" de la mort du chef d'Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, tué  mercredi dernier dans un raid américain au nord de Bagdad. 



Le Kuweit :

Les autorités koweïtiennes ont  renforcé les mesures de sécurité le long de la frontière nord  adjacente avec l'Irak en prévision de l'entrée en Irak des  partisans d'Al-Qaïda à la suite de la mort du terroriste Abou  Moussab al-Zarqaoui, a rapporté dimanche le journal local Kowait  Times. 

vendredi, juin 09, 2006

Halimi

Jusqu’à dimanche, je ne pourrais pas écrire des contributions plus approfondies. Cette lettre de Gisèle Halimivoici une biographie brève – à la Chancelière Merkel veut la peine d’être lue.

jeudi, juin 08, 2006

Bon débarras


Toute la planète a déjà entendu la nouvelle de la mort de Zarkaoui. C’était un homme sans merci, un sauvage qui ne méritait pas mieux. Mais l’obsession avec les  personnalités en politique est une chose dangereuse. Comme ceux qui s’acharnent à haire Bush, l’individu – au lieu de dénoncer sa politique – il faut être prudent en analysant cette situation. La disparition de Zarkaoui ne va pas mener à la paix :

« C'est juste mais personne, pas même le président américain, ne s'aventure à prédire une baisse de la violence. On risque au contraire de voir, dans les prochains jours, une multiplication des attaques de la part des partisans d'Al-Zarkaoui. Ne serait-ce que pour montrer que, Zarkaoui vivant ou mort, la violence perdure. »

A mon avis cette analyse ne va pas assez loin. Clairement, les partisans enragés vont continuer la violence.

Rappelons que :

  1. Zarkaoui était de moins en moins respecté par les nationalistes en Iraq.

  2. Zarkaoui était ridiculisé par la diffusion de ses messages vidéo ratés.

Les videos – ratés – etait tournés pour impressionner les chefs d’Al Qaeda qui était de moins en moins impressionnés par Zarkaoui.

Apparemment, ça n’a pas marché :

« Des renseignements venus du cercle des proches d'Abou Moussab al-Zarqaoui ont permis aux forces américaines de localiser et tuer le terroriste jordanien avec deux bombes de 250 kilos lancées sur la maison où il se trouvait, ont déclaré les autorités américaines jeudi. »

La mort d’une personne suffit rarement à changer le cours de la politique violente, surtout quand le défunt était trahi par ses proches. Bien entendu, on ne peut pas s’attendre à mieux avec des terroristes, mais c’est un signe clair que Zarkaoui avait moins d’influence contrairement à sa présence médiatique.

mercredi, juin 07, 2006

Syndrome Muriel Degauque

A chaque fois que je me fait harceler à l’aéroport ou ailleurs, étant Iranien, je me demande combine de temps ça prendra avant que le cas de Muriel Degauque se généralise. Degauque est « la première femme d'origine européenne à avoir perpétué un attentat suicide au nom de l'islamisme. » Et plus récemment : "Trois Allemandes converties à l'islam ont été interpellées après avoir évoqué sur l'Internet leur désir de mourir dans des attentats-suicide en Irak et au Pakistan, affirme la presse allemande de mardi. Selon le Berliner Zeitung, citant des sources policières, les trois femmes sont âgées de 30 à 50 ans et vivent à Berlin pour l'une et dans le Sud de l'Allemagne pour les deux autres. La Berlinoise, âgée de 40 ans, avait également envisagé d'emmener son enfant âgé de deux ans. Convertie à l'islam, elle aurait ainsi voulu atteindre le paradis, selon ses déclarations. Elle a été placée dans un établissement psychiatrique de la capitale tandis que les deux autres ont été rapidement remises en liberté." Malheureusement, ces pauvres femmes étaient convaincues par la rhétorique haineuse de Al Qaeda. C’est navrant, mais aussi prévisible.

mardi, juin 06, 2006

Gouvernement Exemplaire



Pour revenir à la question d’il y a deux jours – la vision américaine qui mena à Haditha – voici encore une preuve :

Les nouveaux règlements sur les interrogatoires de l'armée de terre américaine, qui seront prochainement publiés par le Pentagone, ne contiendront pas le principe interdisant l'humiliation des prisonniers, principe qui est contenu dans la Convention de Genève, rapporte le journal Los Angeles Times.
Selon le journal, bien que ces règlements aient été mis au point pendant plus d'un an après la révélation d'une série de sévices exercés par l'armée américaine contre des prisonniers, pour standardiser les procédures des interrogatoires, ils ne contiennent pas l'interdiction d'humilier les prisonniers, qui est considérée comme l'un des principes régissant les conduites de traitement des prisonniers.
Les nouveaux règlements n'ont pas encore été rendus publics, mais ils ont pris leur forme fondamentale. Selon des informations, la nouvelle position de l'armée américaine envers les prisonniers a fait l'objet de nombreuses critiques du parti au pouvoir et du parti d'opposition américains, qui ont appelé la Maison Blanche et les autorités militaires à bien réfléchir sur ce problème avant de passer à l'action.
Encore une fois, on ne peut pas s’étonner quand les soldats se comportent comme des barbares. C’est la vision globale du gouvernement – qui déshumanise l’ennemi – qui les guide.

lundi, juin 05, 2006

T’as raison puisque t’es d’accord avec moi


  • La une chez Le Monde : « Une majorité de Français soutient Mme Royal sur la sécurité »

  • Pour les fans de Sarkozy : « les propositions de Ségolène Royal présentent l'avantage de banaliser celles de Nicolas Sarkozy, souvent sujettes à polémiques : «Elle démontre que Nicolas Sarkozy est un responsable modéré et pragmatique.» Il y a peu, Nicolas Sarkozy se réjouissait même de voir Ségolène Royal réhabiliter l'autorité. »


  • Faut pas s’arrêter là… « A l'extrême droite, Carl Lang, vice-président du Front national, s'est félicité avec ironie des "remarquables dernières propositions de Ségolène Royal", soulignant que la "lepénisation des esprits dépasse toutes les espérances". »

dimanche, juin 04, 2006

Monstres et Héros

Comment devons nous comprendre Haditha ? A mon avis, ce n’est pas en terme d’erreurs. Revenons un peu en arrière:
"Je pense que la plus grosse erreur qui est arrivée jusqu'à présent, du point de vue de l'implication de notre pays, est Abou Ghraib", a déclaré le président américain en réponse à une question lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche en compagnie du Premier ministre britannique Tony Blair. "Nous avons payé pour cela depuis longtemps et, à la différence de l'époque Saddam, les gens qui ont commis ces actes ont été traduits en justice", a ajouté le président américain.
Abou Ghraib était en effet une grosse erreur. Mais contrairement à ce que le président maintient, ce n’est pas un problème réglé. Il est vrai que, contrairement à l’époque de Saddam, il y a eu des procès. La semaine dernière,

Le jury militaire devant lequel comparait le sergent américain Santos Cardona, reconnu coupable d'avoir menacé en 2003 et 2004 avec un chien non muselé des détenus d'Abou Ghraib en Irak, a décidé vendredi 2 juin de ne pas l'envoyer en prison…Il est le 11ème soldat américain condamné dans le cadre de ce scandale, révélé début 2004 quand des photos prises par les soldats ont été publiées dans la presse.

Onze soldats condamnés. Mais le plus gradé des onze est un sergent. Aucun officier. Pourquoi pas ? On nous dit qu’il n’y avait pas de preuves de complicité d’officiers. Même les soldats accusés avaient du mal à prouver avoir reçu des ordres directes. Sans ordre directe, et sans le soutien des officiers, on a changé le débat. On l’a transformé en incident enfantin. On disait que ces soldats sont des gosses ; ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Dans le cas de Lynndie England, l’image iconique d’Abou Ghraib, on nous a donné l’impression d’une femme enceinte, instable, psychologiquement perdue. Et elle l’est. Là n’est pas la question. Pourquoi y a-t-il eu tant de tortures en général ? Ce n’était pas un hasard. Le chemin de Abou Ghraib est le même qui a mené à Haditha. Contrairement à d’autres critiques, je suis convaincu par le « scandale ». Je pense que les Américains, Bush même, sont honnêtement choqués par Abou Ghraib et Haditha. Idéologiquement parlant, ils ne veulent pas de tortures. Ils ont – Bush y compris – de « bonnes intentions ». Comme on dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Mais alors comment arrive-t-on à Haditha ? A mon avis, c’est le discours, la perspective de cette guerre qui – au-delà des bonnes intentions – crée inévitablement des Hadithas et des Abou Ghraibs. La façon dont les Américains, mais aussi tout autre peuple, considèrent la torture et la monstruosité est trop naïve, trop simpliste. Quand on pense à la torture on pense en terme de:
  • Ou bien Lynndie England, une femme faible, irrationnelle, un peu folle
  • Ou bien Jack Bauer, le héro de la série populaire 24.
La torture, on pense, c’est pour les monstres ou les héros. Les monstres torturent inconsciemment. On leur en veut ; on veut les punir. Mais puisque c’est des monstres, on a la conscience tranquille. Les héros torturent sciemment. On leur en veut, mais on les admire. Ils font, pensons-nous ce que nous autres n’avions pas le courage de faire. Chaque saison de 24 est l’occasion pour Bauer de torturer, de dépasser la limite morale, et d’en souffrir. Sa souffrance et «l’efficacité » de son immoralisme font de lui un héro. Dans les deux cas, nous pouvons nous distancer de la torture. Ce n’est une affaire pour nous, les hommes et femmes ordinaires. Mais c’est là qu’est l’erreur. Ce n’est pas Abou Ghraib même qui était l’erreur mais la politique de Bush qui engendre Abou Ghraib. Dans le monde Manichéen de Bush, où il y a simplement les Forces du Bien et les Forces du Mal, engagées dans une bataille cosmique, il n’y pas plus d’hommes et femmes ordinaires. Ayant simplifié tout, il a supprimé la modération. Les officiers n’ont pas donné l’ordre de torturer ou de massacrer. Mais quand « les grands » du pays n’hésitent pas à ignorer la Convention de Genève, quand ils n’hésitent pas à avoir des prisons secrets, quand ils se demandent si la torture devrait être permis, quand ils hésitent pas à créer Guantanamo, quand ils hésitent pas à utiliser les armes de destructions massives, quand ils hésitent pas à ne pas considérer la vie des innocents pendant la guerre, quand ils hésitent pas à mentir, que devons nous attendre des « petits » ? Mieux encore, comment peut-on vraiment faire la leçon aux soldats ?
Chaque commandant américain en Irak va recevoir des pochettes de documents, dont 36 diapositives illustrant les valeurs militaires qui devront être projetées dans des sessions de deux à quatre heures.
«Certains dirigeants d'unité mènent déjà ce genre de formation de leur propre chef», a souligné le général Chiarelli pour qui il s'agit surtout d'un «rafraîchissement». Ce n’est pas comme si les soldats ne savaient pas qu’ils ne doivent pas torturer en général. Ce « rafraîchissement » est absurde en soi. Les soldats de Haditha et les gardes d’Abou Ghraib sont les produits d’une vision politique qui a déshumanisé les Arabes et tout ennemi des Etats-Unis. Aucun « rafraîchissement éthique » ne pourra empêcher les abus ; aucune ordre ne sera – ni a été – nécessaire pour les abus, car les « héros » s’en prennent à des monstres.

samedi, juin 03, 2006

T’as tort parce que ta mère est moche (Ad Mominem)

Je n’ai pas trouvé quoi que ce soit au sujet du reporter Ali al-Mashhadani dans la presse Française. Mais c’est un cas très intéressant.

Le Parti Républicain a adopté, depuis la campagne présidentielle 2000 une sale stratégie contre plusieurs adversaires.  

  • Dans le cas de McCain, le sénateur de l’Arizona, Karl Rove, le conseiller politique de Bush, a détourné l’attention du publique en questionnant – illégitimement, il faut le dire – la carrière militaire de McCain. Mais aussi en prétendant qu’il est psychologiquement instable, que sa femme est une droguée, qu’il a un enfant noir illégitime, etc.

  • Dans le cas de Joe Wilson, le mari de Valerie Plame, on a essayé de discréditer la critique de Wilson en tournant l’attention vers sa femme.

  • Cindy Sheehan, qui a perdu son fils dans la guerre en Irak, est devenue le symbole de la résistance contre Bush. Au lieu de respecter les demandes d’une mère en deuil – qui voulait par exemple rencontrer le président – les Républicains ont détourné l’attention en dénonçant ses motivations politiques et questionner ses qualités maternelles ! Dans des articles et des apparences médiatiques, des Républicains demandaient si nous devrions la croire puisque qu’elle a même laissé son mari seul à la maison pour passer tellement de temps à protester. Quelle négligence !

  • Le cas de Kerry est plus connu : « Le groupe Swift Boat Veterans for Truth…, composé d'environ 200 vétérans du Viêt Nam, publie en 2004 l'ouvrage Unfit for Command (« inapte au commandement »), écrit par John O'Neill, le successeur de John Kerry comme commandant du Swift Boat PCF 94. John O'Neill se livre à une démolition en règle du candidat démocrate, énonçant des dizaines d'accusations graves (mensonges supposés et même affirmation de sa participation à des actes de trahison, ce pour quoi le Viêt Nam l'aurait implicitement remercié en plaçant sa photo dans une section « Héros de la résistance vietnamienne » au musée de la Guerre de Hanoï). Les défenseurs de Kerry, notamment les hommes de son équipage pendant la guerre, réfutent les allégations portées dans cet ouvrage en soulignant les liens politiques du SBVT avec le président George W. Bush. Bien que nombre des accusations portées aient été démenties par l'appui de sources écrites, » la campagne présidentielle de Kerry était en partie ruinée par ces mensonges.

En somme, cette méthode consiste non pas à contredire l’argument politique de l’adversaire mais d’attaquer la personne même – ce qu’on appelle un argument ad hominem – pour détourner l’attention du contenu. En anglais, ces jours-ci, au lieu du latin, on a crée un verbe, dérivé du cas de Kerry. On parle de « to swiftboat ».

Ad hominem, Swiftboat-er, qu’importe comment on l’appelle n’a aucune valeur intellectuelle. En tout cas, pas plus que les blagues « ta mère ».

C’est le tour de Ali al-Mashhadani, qui est un journaliste pour Reuters. Il était un des premiers à parler du massacre de Haditha.
Les sites internet de la droite américaine, absolument sans honte, se prennent à Ali al-Mashhadani. Ils veulent le discréditer à tout prix. Comme preuve ?

  • Août 2005 – Janvier 2006 : Ali al-Mashhadani était détenu en prison par l’armée américaine en Iraq – sans avoir le droit de consulter un avocat – pour cinq mois de suite.

  • 20 Mai 2006 – 2 Juin 2006 : il était de nouveau emprisonné, cette fois-ci en se rendant à une base militaire pour récupérer des informations confisquées.  

Les sites de droite utilisent ces détentions comme preuve qu’il y a « quelque chose de louche à propos de ce gars ». Quoi exactement ? Quel crime ? Etre détenu par l’armée américaine ne constitue plus une preuve du tout. A chaque fois, al-Mashhadani a été remis en liberté sans avoir été accusé, sans avoir connu la raison pour sa détention. C’était à chaque fois un emprisonnement arbitraire. Surtout quand ils n’arrivent même pas à trouver une seule raison pour cette détention.

Mais qu’importe. Ca semble suffire pour les Républicains. En conclusion : Le massacre de Haditha n’a pas eu lieu.  

vendredi, juin 02, 2006

Erreurs et Horreur


Il faut parler du massacre de Haditha ; je le ferai bientôt. Aussi important que soit Haditha, il ne faut pas tomber dans le piège de sensationnalisme. Ce n’est un incident. Ce n’est une horreur isolée. C’est un symptôme. C’est facile d’isoler un événement ; c’est plus difficile de cerner toute une politique, toute une époque – même tout un mois.

jeudi, juin 01, 2006

NB

Un lecteur m’a envoyé un email pour dire que mon site était trop sérieux et parfois déprimant. Tout d’abord, merci de m’envoyer ces courriers ; c’est avec grand plaisir que je les lis. Je sais que le contenu de ce site n’est pas très « gai ». Pour une fois, j’ai essayé d’écrire avec plus de légèreté mais je ne peux pas promettre d’en faire une habitude ! Je trouve qu’il y a tellement de bons sites qui nous aident à nous détendre un peu. Le mien cherche à partager les informations et les analyses qui ne font pas la une des journaux. Je sais qu’il y a plus dans le ciel que du tonnerre ; il y a aussi l’arc en ciel. Je m’inquiète de ceux qui cherchent à le détruire. Amicalement.

Prix Arc En Ciel

Chers lecteurs, bienvenu à la cérémonie virtuelle de la remise en exclusivité du prix Arc En Ciel, décerné par le STA. Le jury (d’une personne) tient à remercier les trois nominés pour leur participation involontaire.
  • Les Etats-Unis d’Amériques, représentés par la droite américaine, mais surtout par monsieur Adams. Comme d’autres extrémistes, M. Adams cite la bible quand il le faut,. « Suis-je homophobe ? Oui, absolument ! Il n’y a pas de doute. Et j’en suis fier, » nous dit-il. Il dit encore aujourd’hui que le sida est une maladie essentiellement pour les gays. La liste de ses proclamation est longue et aussi impressionné qu’est le jury, on ne pouvait pas tout re-traduire. Ajoutons à cela qu’il nous dit que Pat Robertson – celui qui blâma les homosexuels pour le onze septembre – est un « héro » qui va sauver les Etats-Unis. Robertson prend un plaisir, fou, disons-le, gai, à nous avertir. « L’agenda féministe n’est pas à propos de l’égalité. C’est un mouvement politique socialiste, anti-famille, qui encourage les femmes à quitter leurs maris, à tuer leurs enfants, à pratiquer la sorcellerie, à détruire le capitalisme et à devenir lesbiennes. » Les lecteurs fidèles savent que STA mentionne ce « héro » assez souvent. (Comme ici, ou ici.) Mais nous vous assurons une impartialité totale !
  • La Russie : Tout récemment, « Les forces de police mobilisées pour l'occasion et plusieurs dizaines de manifestants ultranationalistes ont empêché samedi 27 mai des militants homosexuels d'organiser à Moscou la première "Gay Pride" russe, manifestation qu'avait interdite la municipalité. »
  • L’Iraq : Représenté par le grand ayatollah Sistani. Le brave homme avait déclaré sur son site d’internet – c’est vrai, il en a un – que les homosexuels devaient être « tués de la façon la plus sévère possible. » Bien entendu, sa brigade de fous l’a écouté et il y avait une série d’exécutions sommaires et cruelles d’homosexuels dans les rues.
A notre grande surprise, Sistani a récemment enlevé le texte du Fatwa de son site internet. Le jury avait imaginé facilement lui décerner le prix mais, il faut le dire, la compétition est alors devenue plus acharnée, plus haletante. Ces vrais hommes, serrés les uns contre les autres, en sueur, coude à coude, surexcités, penchés en avant, attendant le résultat. Cessons de les taquiner. Le prix arc en ciel va donc … LA RUSSIE !!! Quel choc ! Même le jury (d’une personne) en est surpris. Qui aurait cru que Moscou pourrait dépasser Robertson et Sistani ! Quel effort ! Tandis que Sistani et Robertson prennent la Russie dans les bras, l’embrassent très fort, la couvre de félicitation, sans vouloir être pédant, nous tenons à expliquer notre choix. De tous ces extrémistes, le Maire de Moscou nous a convaincu le plus : dans un entretien à la radio, il a insisté que cet acte prouve que la Russie est moralement supérieure à l’Occident et que ce dernier ferait bien d’apprendre cette leçon des Russes ! Les autres n’avaient pas osé aller aussi loin et faire la leçon. Fin de cérémonie.
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