dimanche, janvier 29, 2006

La Folie de la Guerre

D’après le ministère chargé des affaires des anciens combattants, 40,000 soldats américains, de retour de l’Irak ou de l’Afghanistan -- ce qui fait un tiers du déploiement militaire -- ont des problèmes de maladies mentales et psychologiques. Au delà des symptômes de dépression aigues due au traumatisme de la guerre, 11,000 sont bien déprimés ; 14,000 ont des dépendances de drogues.

jeudi, janvier 26, 2006

Un sondage sur l’Afghanistan

J’ai trouvé ce sondage intéressant. La question posée était la suivante :

« Selon vous, est-ce que les forces militaires américaines sont encore en Afghanistan, ou se sont-elles retirées de ce pays ? »

La question était posée à des américains. Honnêtement, je ne sais pas si je devrais être surpris ou non par la réponse :

77% savaient que l’armée américaine était encore en Afghanistan

Mais 8% des gens étaient persuadés que l’armée s’était déjà retirée et le reste (15%) ne pouvaient pas se prononcer.

D’un point vu – en toute sincérité – je suis content de voir qu’au moins la majorité avait la bonne réponse. Mais est-ce que ça ne devrait pas être une majorité encore plus grande ? Mieux encore, la bonne question aurait été la suivante : y a t il d’autres forces armées – à part les Britanniques et les Américains – en Afghanistan ? Combien de soldats français ?

Apres le onze septembre, dans un cours de philosophie, on avait mis de côté la lecture du jour pour discuter la situation. Je me souviens qu’un bon nombre d’élèves ont admis n’avoir jamais entendu parler d’un pays nommé Afghanistan. Je n’oublierai jamais un élève qui complètement enragé qui a dit « quand j’étais petit, je ne savais même pas qu’il y avait un tel pays. J’espère que quand j’aurai un gamin il n’aura même pas à s’y inquiéter car ce pays n’existera plus ». Bien entendu, c’était la rage et la haine atypique du onze septembre qui lui faisait dire ça. Je ne pense jamais au peuple américain en ces termes, mais ça m’avait marqué.  

vendredi, janvier 20, 2006

Broyer du noir

D’après une enquête récente, mettre fin aux coupures de courants d’électricité en Irak couterait 20 milliards de dollars. La production est maintenant en dessous de ce qu’elle était avant l’invasion, qui était déjà insuffisante. Les attaques des insurgés, les bombardements, et l’instabilité créent suffisamment de problèmes. Les 4.7 milliards de dollars, mis de coté, en 2003 pour le secteur est parti en fumé aussi. On nous dit que la capitale et certaines autres régions ne peuvent compter que sur deux à six heures d’électricité par jour.  

jeudi, janvier 19, 2006

Prouver son existence

En tant que prof de philo, je suis toujours captivé par les questions de critères. Encore plus intéressantes sont les critères concernant l’existence humaine. Bien que ce soit une nouvelle « insolite », cette histoire est fascinante : « NEW DELHI - Un homme que sa famille et ses voisins pensaient mort a jeté un froid en rentrant dans son village, où l'on a cru avoir affaire à un spectre, rapporte lundi le Times of India. » Le pauvre homme était emprisonné et on le croyait mort. L’histoire est encore plus intéressante car d’abord sa famille qui le prend pour un fantôme ou un revenant est en colère contre lui. Si les rituels du deuil sont « mal » performés, la tradition prévoit que le défunt viendra hanter la famille. Or la famille insiste que toutes les règles étaient suivies avec précision et que ce « retour» est une insulte religieuse. Encore mieux, « Le conseil du village a exigé une preuve de son existence réelle. » Malheureusement, on ne précise pas comment il devrait le faire. La meilleure preuve qu’il ait pu fournir est la suivante : ses pieds sont encore attachés à sa jambe et ne sont pas « tournés » à l’envers comme on pense qu’il serait le cas pour les revenants. Cette histoire, j’imagine, disparaitra vite des journaux. Mais la question de preuve ou de justification de l’existence du soi est fascinante et j’aurais bien aimé savoir comment il va se débrouiller. (Si un lecteur en sait plus, je lui en serais reconnaissant de m’envoyer un mot à ce sujets..)

mardi, janvier 17, 2006

L’exécution d’un homme de 76 ans

C’est l’exécution numéro 1005, cette fois-ci d’un homme de 76 ans « Cet homme aveugle, quasiment sourd et se déplaçant en fauteuil roulant, avait subi une grave attaque cardiaque en septembre. Il attendait dans le couloir de la mort depuis plus de 23 ans. Après avoir reçu trois injections, il a été déclaré mort à 0h38 (8h38 GMT), soit moins d’une heure avant la fin de la journée de son anniversaire, a précisé un porte-parole de l’administration pénitentiaire californienne. » Condamné à mort en 1982 pour avoir tué la petite-ami de son fils, il a même commandité l’assassinat des témoins gênants de sa cellule. Un homme monstrueux, cruel, mis à mort par la « justice civile » des hommes. Etre dégouté par sa mort n’est pas l’aimer ni le pardonner. C’est rejeter la mort infligée par l’état. Quelques lignes de Hugo – la source du titre de ce blog. En parlant de son ennemi politique, il rejetait encore la peine capitale. Lorsque la trahison, sa complice livide, Vient et frappe à sa porte, il fait signe d'ouvrir ; Il est le fratricide ! Il est le parricide ! Peuples, c'est pour cela qu'il ne doit pas mourir ! Gardons l'homme vivant. Oh ! châtiment superbe ! Oh ! S'il pouvait un jour passer par le chemin, Nu, courbé, frissonnant, comme au vent tremble l'herbe, Sous l'exécration de tout le genre humain ! Etreint par son passé tout rempli de ses crimes, Comme par un carcan tout hérissé de clous, Cherchant les lieux profonds, les forêts, les abîmes, Pâle, horrible, effaré, reconnu par les loups ; Dans quelque bagne vil n'entendant que sa chaîne, Seul, toujours seul, parlant en vain aux rochers sourds, Voyant autour de lui le silence et la haine, Des hommes nulle part et des spectres toujours ; Vieillissant, rejeté par la mort comme indigne, Tremblant sous la nuit noire, affreux sous le ciel bleu... Peuples, écartez-vous ! cet homme porte un signe : Laissez passer Caïn ! Il appartient à Dieu. Je ne sais pas si Caïn appartient à dieu. Mais nous ne pouvons pas tuer Caïn sans le devenir, sans continuer son héritage.

samedi, janvier 14, 2006

A lire

Occupé par des affaires familiales, je n’ai pas eu le temps d’écrire ces jours-ci. Mais il ya de bonnes choses à lire. Je suggère « Le Retour du Débat Médiatique sur l’Islam » chez le Réseau Voltaire. Les interrogations autour de l’islam sont récurrentes dans la presse « occidentale » depuis les attentats du 11 septembre 2001. Elles se sont développées avec la banalisation des représentations produites par l’idéologie straussienne du « Choc des civilisations » qui viennent se greffer sur de plus anciennes, issues de l’imaginaire colonial ou des guerres passées menées, officiellement, au nom de la foi. Lire la suite…

jeudi, janvier 12, 2006

W. ou les Limbes de l’Atlantique


Les théologiens conseillers du nouveau pape pensent qu’il faudrait se débarrasser du concept populaire mais théologiquement faible de limbes. Popularisée par Dante, cette idée semble avoir été un des soucis principaux d’une grande réunion récente au Vatican.  Où vont les nouveau-nés après la mort, sans qu’ils aient eu le temps de pêcher semble plus urgent comme question que – par exemple – le refus de l’Eglise à laisser ses prêtres encourager l’usage des préservatifs en Amérique du Sud ou en Afrique. Non. Apparemment, cette question-ci est réglée.

Tandis que ce concept de limbes semblait trop médiéval et arriéré pour le Vatican, notre président semble satisfait de continuer à garder des centaines de prisonniers dans ses limbes au Cuba – Guantanamo. Plusieurs rapports et articles :

Dans le Monde – dont voici un extrait:

"J'ai été emprisonné en Afghanistan par les Américains, après avoir été arrêté en Egypte lors d'un court voyage d'affaires", a écrit Abdulsalam Al-Hela, un Yéménite de 34 ans. Arrêté en septembre 2002, il aurait embarqué dans un petit avion de 20 places, menotté, aveuglé et bâillonné. Il aurait alors "disparu" à Bakou (Azerbaïdjan), puis été détenu pendant deux ans dans quatre endroits différents en Afghanistan avant d'être transféré à Guantanamo, le 17 septembre 2004. Il affirme y avoir été régulièrement battu, insulté et privé des soins médicaux dont il a besoin.

Le rapport d’Amnesty International se trouve ici. Un extrait :

Alors que de plus en plus d’éléments prouvent que des tortures et de nombreux traitements cruels, inhumains et dégradants ont été infligés, il est plus urgent que jamais que le gouvernement des États-Unis prenne des mesures pour que le camp de détention de Guantánamo et tout autre établissement qu’il gère à l’étranger soient mis en totale conformité avec le droit et les normes internationales. Sinon, la seule solution consiste à ordonner leur fermeture.

Et Human Rights Watch nous parle d’un adolescent à Guantanamo qui s’était fait arrêter quand il avait quinze ans.
  
Le président Bush croit que le reste du monde sera bientôt convaincu des bonnes intentions de son gouvernement ; il a après tout choisi Karen Hughes pour améliorer l’image de l’Amérique dans le reste du monde.

(Une parodie à voir.)

Voilà. Le Vatican a tort il semblerait ; le concept est encore utilisé.

mercredi, janvier 11, 2006

Haute Tension!


Au mois de décembre, voici un des cirques qu’on avait:

« Le 2e constructeur américain vient de retirer ses publicités de toutes les publications ouvertement homosexuelles tout en écartant officiellement toute connivence avec l'AFA, l'Association familiale américaine (AFA). Ce mouvement chrétien ultra-conservateur avait menacé Ford de boycott au printemps dernier pour son soutien affiché au Gay parades et autres manifestations en faveur de la diversité "sexuelle", avant de se raviser à la demande des concessionnaires Ford, rapporte l'AFP. » (La suite…)

Au même niveau d’intelligence que la distraction politique de la guerre de noël

Cette tension persiste aux Etats-Unis (et ailleurs). On continue à trouver des boucs émissaires pour la crise et le déclin culturel de chaque pays. Les minorités en souffrent le plus. En général, c’est les immigrants qui sont blâmés pour tout. Aux Etats-Unis, les gays sont une des cibles préférées de la droite.  

Que s’est-il passé avec cette histoire de Ford ? Après avoir initialement décidé de retirer ses publicités, Ford s’est excusé. La compagnie a insisté qu’elle n’est pas homophone et qu’elle va continuer à dépenser de l’argent dans ces magazines.

Aujourd’hui, SONY a annoncé qu’avec l’aide de MTV – sa chaine LOGO dédiée aux gays – un nouveau label sera lancé pour promouvoir les artistes homosexuels. Ca fera aussi un scandale, j’imagine. La droite américaine adore ce genre de distractions pour rallier les troupes.

Mais cette proteste à venir ne marchera pas non plus, et les gauchiste – the liberals – seront blâmés pour vouloir ruiner les valeurs et les traditions du pays.

Je doute fortement que les dirigeants de Ford ou SONY ou MTV soient ces gauchistes, voulant tout faire pour ruiner l’Amérique ou même aider les minorités. La seule ruine dont ils s’inquiètent c’est la leur. L’esprit et les lois du marché ne discriminent pas. Ou en tout cas, le marché discrimine autrement – contre les pauvres. Mais si ca se vend ; Ford le vendra, qu’importe les risques pour le pays. (Je ne dis pas que les gays posent des risques ; loin de là. Même si c’était un risque culturel, les PDGs ne s’en préoccuperaient pas.)  Quand il s’agit de délocaliser et de partir à l’étranger – en sachant parfaitement bien que ca ruinera l’économie locale – les PDGs ne se gênent pas. (J’avais déjà dit ca à propos de Fox.)

Si seulement SONY avait essayé de lancer un label pour les artistes immigrés clandestin !

Mais il ne faut pas se soucier de ca. Ce n’est serait pas rentable financièrement (ces pauvres gens n’ont pas le temps de chanter et ne pourraient pas signer des contrats officiels de toute façon !). Ce serait très rentable politiquement…

lundi, janvier 09, 2006

McDo par Pays

  1. USA -- 12,804 McDonald's restaurants
  2. Japon -- 3,598
  3. Canda -- 1,154
  4. Grande Bretagne -- 1,115
  5. Allemagne -- 1,091
  6. France -- 857
  7. Australie -- 701
  8. Taiwan -- 338
  9. Chine -- 326
  10. Italie -- 290
  11. Espagne -- 276
  12. Corée (Sud) --243
  13. Philippines -- 235
  14. Suède -- 227
  15. Pays-Bas -- 205
  16. Mexique -- 205
  17. Pologne -- 181
  18. Hong Kong -- 177
  19. Nouvelle Zélande -- 149
  20. Autriche -- 148
  21. Malaysia --139
  22. Turquie -- 133
  23. Singapore -- 121
  24. Suisse -- 119
  25. Danemark -- 99
  26. Finlande -- 93
  27. Portugal -- 91
  28. Thaïlande -- 88
  29. Hongrie -- 76
  30. Indonésie -- 75
  31. Belgique -- 64
  32. Irlande -- 62
  33. République Tchèque -- 60
  34. Norvège -- 55
  35. Grèce -- 48
  36. Slovaquie -- 10
  37. Luxembourg -- 6
  38. Island -- 3
  39. Brunei -- 1

dimanche, janvier 08, 2006

Big Brother is Watching You (si vous êtes noir)

Hier, j’avais mentionné le fait que ce n’est pas Finkielkraut qui se fait arrêter à chaque coin de la rue et qu’il ne faut pas le laisser devenir la victime qu’il aimerait être. (L’article d’Obema est maintenant le « plus recommandé » sur le site de Le Monde – et les réactions des lecteurs (payant !) sont intéressantes.)

Le Monde avait publié un autre article cette semaine qui est fascinant – et qui ne fait pas beaucoup de bruit :

« Selon une étude du Guardian, fondée sur des chiffres officiels, publiée jeudi 5 janvier, 37 % des hommes noirs de Grande-Bretagne, qui représentent 2 % de la population, ont leurs empreintes ADN recensées dans le fichier national de la police. Seuls 9 % des hommes blancs et 13 % des Asiatiques y figurent. »

Lire la suite…

Voici le lien pour l’article du Guardian.

samedi, janvier 07, 2006

Pauvre Monsieur Finkielkraut

Et le débat continue…ou en tout cas, un semblant de débat continue. Regardons le cas du journal Le Monde. Dans les rubriques « Point de vue » et « Opinions », deux articles intéressants continuent l’affaire Finkielkraut.  

Monique Dagnaud relate la suite d’un débat entre Sylvains Bourmeau et Alain Finkielkraut, qui s’est tenu sur les antennes de France Culture le 28 novembre. L’article mentionne à peine le débat même ; c’est surtout les réactions – ou l’expression des « passions » selon Dagnaud – qu’il faut apprécier. Avant tout, la plainte déposée par le MRAP est immédiatement mentionnée ; on nous dit aussi qu’il y avait des rumeurs d’une « démission forcée » pour le « philosophe ».

En tant que sociologue, faisant les calculs, Dagnaud nous apprend que :

« Les positions sont tranchées : sur 457 messages, 355 (78 %) constituent des déclarations enflammées pour ou contre Alain Finkielkraut et/ou ses idées ; et seulement 9 (2 %) expriment un certain balancement sur ce qu'il faut penser des arguments échangés. Restent 93 messages (20 %) aux contenus hétérogènes : 22 d'entre eux ciblent Alexandre Adler qui, à la fin de l'émission, a menacé de démissionner de France-Culture si Alain Finkielkraut devait partir — un geste qui chauffe bravos et huées ; 26 messages s'adressent aux autres chroniqueurs ; 20 encensent ou plus rarement déplorent l'organisation d'un tel débat ; les autres sont des demandes d'information. »

Très bien. Et alors ? L’article s’était posé la question suivant :

« Et surtout, quel contrepoint donne-t-elle à l'opinion des médias, généralement assez critiques, qui ont rendu compte de l'article d'Haaretz ? »

Le résultat ? Apparemment seulement 25% des emails envoyés critiquaient le philosophe. Du coup, on voit un Alain Finkielkraut, victime des medias, exprimant la voix de la population générale ! Voila… Pauvre Monsieur Finkielkraut. Le pauvre héro ! La victime des media.

Fokke Obema continue la defense de la victime – cette fois-ci de la Hollande. D’après Obema, c’est « le règne du politiquement correcte » qu’il faut blâmer, et non pas les propos même de Finkielkraut.

De nouveau, la plainte du MRAP est de nouveau mentionnée – sans cette fois-ci préciser que la plainte était retirée une fois que Finkielkraut s’était excusé. Obema nous dit :

« En faisant preuve d'une telle intolérance, le politiquement correct s'est montré sous son jour le plus sombre. Il serait pourtant utile de briser les tabous afin de pouvoir débattre librement. »

Voila. Encore une fois, Finkielkraut devient la victime, cette fois-ci d’un mouvement anglo-saxon qui existe à peine en France, où l’expression « politiquement correcte » n’a aucun sens défini. Qu’importe, apparemment.

Habitant aux Etats-Unis, je peux certainement être d’accord avec l’avis selon le quel le mouvement PC – politiquement correcte – peut aller trop loin, ou même devenir ridicule parfois. Mais là n’est pas la question. Ce n’est pas ça le problème de Finkielkraut.

Deux remarques sur ce que le PC est et n’est pas:

  1. PC peut devenir une nuisance ; il peut aussi même nuire à ceux qu’il veut défendre étant donné sa mauvaise réputation. Ceci dit, le moouvement aux Etats-Unis a donné une voix et a cherché à respecter les groupes marginalisés de la société américaine. Le model Français d’intégration ne laisse jamais de place pour une telle diversité. Les émeutiers exprimaient en parti ce ras le bol de la marginalisation. Même le gouvernement de Chirac a reconnu qu’il faudrait – par exemple – plus représentation des maghrébins à la télévision. Ca c’est le politiquement correcte. Dire à Finkielkraut que ses propos sont injustes et rendent pire la situation c’est lui rendre justice.  

  2. Politiquement correcte n’est pas une invitation à dire n’importe quoi. Aux Etats-Unis, la droite américaine a adopté le langage de PC pour essayer d’imposer « intelligent design » (dessein intelligent) en disant que la majorité darwinienne étouffe cette minorité. Le PC vient de la philosophie politique du 19eme siècle ; son but est de permettre à ce qui n’ont pas de voix – pas des gens qui ont leurs propres émissions ! – la possibilité d’être respectés. Le PC cherchait à souligner le fait que la majorité peut être ignorante de ses faiblesses. Donc même si Monique Dagnaud a raison que la majorité soutient Finkielkraut, ca ne change pas le fait que ce n’est pas lui qui a été marginalisé. Ce n’est pas lui que la police arrête à chaque coin de la rue. Ce n’est pas lui qui n’obtient pas de boulot. Ce n’est pas lui qui doit vivre dans la banlieue pour trois générations de suite. Ce n’est pas lui qui est sans espoir.

Essayer de comprendre la cause des émeutes n’est pas donner raison à la violence. Inciter la violence, en traitant ce problème de quelque chose « ethnico-religieux », ca c’est une bêtise. Ce n’est pas que Finkielkraut était politiquement incorrecte ; c’est son analyse qui était incorrecte. Le rendre victime – lui, le « philosophe » -- c’est simplement divertir l’attention des vrais problèmes. Il ne faut pas se laisser hypnotiser par son éloquence, et maintenant ses cris de victimes.  

Comme on l’a appris récemment dans un article du Libé, Finkielkraut « a decouvert la jouissance d’être minoritaire ». Plus il persiste à se présenter comme victime, plus il fait tort à la société. Plus il se réjouit, moins on parle des causes des émeutes. Obema conclut son article en disant

« A Paris comme ailleurs dans le pays, critiquer l'islam, c'est risquer de se retrouver sur le banc des accusés. L'écrivain Michel Houellebecq en a fait l'amère expérience. »

Pauvre Alain et Michel, victime du grand lobby politique Islamique en France ! Grand merci à Le Monde ! Ces pauvres gens avaient besoin d’être entendu. Merci !  

vendredi, janvier 06, 2006

Pat Robertson de Nouveau

J’avais déjà parlé des bêtises de Robertson. En voici la dernière (pour le moment ; il y en aura d’autres). « Le télévangéliste américain ultra-conservateur Pat Robertson a estimé que l'attaque dont a été victime Ariel Sharon est une punition divine. Le Premier ministre israélien paie selon lui le crime d'»avoir morcelé la terre divine» d'Israël. » Lire la suite…

jeudi, janvier 05, 2006

Le Germinal de la Virginie Occidentale

Le 2 janvier 2006, la mine de charbon Sago en Virginie occidentale s’est écroulée, initialement coinçant treize mineurs dans le noir absolu, dans le ventre de la terre. Seul l’un d’entre eux aura le bonheur d’être rescapé. Comme toute tragédie nationale, elle avait fait la une des journaux. Naturellement, ce genre de catastrophe domine l’esprit national. Mais il y a une autre tragédie, moins spectaculaire mais plus profonde, que l’on néglige – celle des dangers quotidiens qui menacent surtout la vie des travailleurs de la classe ouvrière aux Etats-Unis. A la première nouvelle de l’écroulement, la presse internationale s’en est à peine préoccupée. C’est normal. Il y avait d’autres catastrophes partout ailleurs dans le monde. Depuis, on en parle un peu plus car la tragédie s’est doublée en intensité. Une sale rumeur qui a duré plus de trois heures avait fait croire aux familles et au public que les douze mineurs étaient vivants. J’avais lu une telle dépêche à une heure du matin ici à Washington. Le lendemain, alors que la majorité des journaux avaient imprimé la « bonne nouvelle », on a appris que, bien au contraire, les douze mineurs étaient morts. Bien entendu, c’est la colère générale ; les familles des victimes sont particulièrement scandalisées. Elles devraient l’être ; leur peine ne doit pas être oubliée ou sous-estimée. Mais il y a un coté plus grave de la chose que l’on néglige. Mourir au travail n’est pas si unique ou rare aux Etats-Unis. Dans un article écrit pour le magazine Time, dans l’édition du 16 janvier, James Poniewozik, commence son article en nous rappelant les circonstances de la mort de Jésus. Dans la cave qui était sa tombe, même le fils de Dieu espérait en ressortir vivant. Jésus aussi devait se battre contre la mort souterraine. Est-ce une métaphore justifiable ? Mettons de coté les exagérations journalistiques. Ce qui est plus révélateur dans l’article de Time est l’étonnement de l’auteur. Non seulement, nous dit-il, il y a encore des « gens qui font ça », c'est-à-dire des gens qui travaillent dans les mines, c’est aussi incroyable que ce genre de tragédie « rare » puisse encore arriver. A mon avis, Poniewozik reflétait l’état d’esprit général du pays. On devait croire que c’était une exception. On devait penser que c’était rare. Si la comparaison ahurissant avec le fils de Dieu n’était pas assez pour éloigner cet accident du domaine de la vie ordinaire, Poniewozik transforme les victimes en héros nationales, comme des braves soldats qui sacrifient leurs vies pour notre confort. Il nous rappelle que nous avons besoin de cette électricité produite par les mines pour « chauffer nos maisons et pour recharger nos iPods ». Il va même plus loin ; il cite le fils de l’un de mineurs décédés, qui avait dit que son père « a donné sa vie pour que je puisse aller au cinéma ». Si l’on considère ces mineurs comme des héros, on peut plus facilement négliger la cause de la catastrophe. Après tout, les héros ne se soucient guère des questions de préventions et de sécurités. A peine trois semaines plus tard, deux autres mineurs viennent de mourir dans une autre mine de la Virginie Occidentale. Il serait temps de considérer les vrais problèmes et les causes de ces catastrophes. Commençons par observer que la compagnie Sago avait été citée au moins 273 fois pour des infractions, mettant en danger la vie de ses mineurs. L’image violente des Etats-Unis qui existe partout dans le monde – y compris ici même – est justifiée quand on y pense en termes de crime. Il y a à peu près entre 12000 et 16000 meurtres commis chaque année aux Etats-Unis. Il y a bien entendu pire dans des pays en voie de développement. Mais là n’est pas la question. Il est plus important de pouvoir comparer cette violence criminelle, vivement médiatisée, avec la violence silencieuse du milieu du travail. Le nombre de personnes tuées au travail est plus difficile à cerner. D’après une agence gouvernementale – CDC – il y aurait au moins 6000 morts par an. Mais ce chiffre est certainement contestable car il est surtout basé sur le rapport des employeurs et des patrons d’entreprises soumis au gouvernement. Une enquête détaillée menée par David Barstow du New York Times en 2003 nous a révélé que, entre 1982 et 2003, au moins 170,000 personnes sont mortes suite à des accidents du travail – 8500 personnes chaque année en moyenne.Mais ceux, qui ont fait des enquêtes encore plus approfondies, en considérant par exemple les décès causés à long terme par le milieu du travail – par le cancer, l’amiante, etc. – trouvent qu’il y aurait peut-être deux fois plus de morts causées par le milieu du travail que par homicide. La comparaison avec le Germinal de Zola va au delà des accidents de mines. C’est bien une question de pauvreté, de manque de protection sociale et de la complicité de l’état qui se range du côté des patrons et non pas des travailleurs. Les syndicats aux Etats-Unis sont en recul ; la majorité des travailleurs syndiqués sont des fonctionnaires ! Le secteur privé, là où il y a le plus de besoins, est délaissé et abandonné à son sort. Et même les défendeurs des syndicats commencent à se soucier de la corruption des chefs syndicaux. Aussi tragique que soit la mort de ces pauvres mineurs, aussi tragique que soit la rumeur de leur survie, il y a une plus grande tragédie qui menace les travailleurs tous les jours.

mardi, janvier 03, 2006

Une des meilleurs “photos” de l’année

Bien entendu, il y a de meilleures photos, et celle-ci est une reproduction d’un écran de télé. Ceci dit, comme inadvertance politique, on ne peut pas faire mieux. Sur une chaîne d’info, en citant Bush à propos de Katrina, l’image finit par dire :

lundi, janvier 02, 2006

C’est quoi l’intégrité ?

Etant disponible en ligne, le dictionnaire Merriam-Webster a publié sur son site les dix mots les plus consultés de 2005. Voici la liste en anglais (et traduit en français entre parenthèses).

1 – Integrity (Intégrité)
2 – Refugee (Refugié)
3 – Contempt (Mépris)
4 – Filibuster (Flibustier ?)
5 – Insipid (Insipide)
6 – Tsunami (Tsunami)
7 – Pandemic (Pandémie)
8 – Conclave (Conclave)
9 – Levee (Digue)
10 – Inept (Incompétent)

Bien sur, ce n’est pas une mesure politique exacte mais c’est bien intéressant de voir quels termes sont les plus consultés. Le gouvernement Bush a fait face à un grand nombre de scandales politiques, et la majorité des américains maintenant pensent que le gouvernement leur a menti à propos de la guerre en Iraq. L’intégrité des membres du cabinet, y compris Bush lui-même, est certainement en question.

Le mot mépris était aussi utilisé de plus en plus en 2005. Alors que jusqu’à maintenant la majorité des américains trouvaient que Bush est un grand leader, ils le trouvent de plus en plus arrogant et têtu. De plus, il est clair que son gouvernement n’a aucun respect et semble mépriser les institutions internationales et aussi certaines traditions anglo-saxonnes comme les libertés civiques. Que ce soit Guantanamo ou l’espionnage domestique, le mot « mépris » ou contempt vient souvent à l’esprit.  

Filibuster est plus difficile à apprécier si l’on ne connait pas les institutions politiques américaines. Au sénat, il est permis à n’importe quel sénateur de prolonger le débat sur une loi indéfiniment. Il n’existe aucune règle qui forcerait les sénateurs à devoir voter ; on ne peut voter que si le débat est terminé. On dit que celui qui insiste à prolonger le débat au point de rendre le vote impossible est comme un flibustier, un pirate qui tient le sénat en otage. Les démocrates ont souvent menacé d’utiliser cette méthode si le choix pour la cour suprême du pays est trop extrémiste. Ils ne l’ont pas utilisé pour la confirmation de John Roberts ; il est peu probable qu’ils l’utiliseront pour Samuel Alito.

Le neuvième mot réfère à la Nouvelle Orléans et le cyclone katrina ; le dixième – on pourrait penser – décrirait le gouvernement face au cyclone et peut-être même plus…



dimanche, janvier 01, 2006

Un article sur Finkielkraut

Libération a récemment publié un article très intéressant sur Finkielkraut sous la rubrique « Grand Angle ». Ecrit par Christophe Ayad, l’article retrace le trajet intellectuel de Finkielkraut, de la gauche à la droite. Quelques passages remarquables : "Du gauchisme, Alain Finkielkraut a gardé une certaine mauvaise foi et le maniement de l'anathème façon «pas de liberté pour les ennemis de la liberté». En 1995, il exécute Emir Kusturica, primé à Cannes pour Underground, avant d'avouer piteusement qu'il n'avait pas vu son film mais n'en pense pas moins et que Kusturica reste un dangereux propagandiste panserbe. Mais l'ex-gauchiste cohabite avec un incurable nostalgique ­ antimoderne, antitechnique, antiurbain ­ dans ce cerveau en perpétuelle ébullition.Ce qui a éloigné Alain Finkielkraut du gauchisme puis de la gauche française tout entière, c'est avant tout la question d'Israël." J’ai trouvé cet article particulièrement intéressant car, à mon avis, il parle d’un chemin que beaucoup d’intellectuels américains de droite ont suivi. Israël n’était pas la question ici, pour les neo-conservateurs, mais déçus par la gauche des années 70 et 80, furieux contre l’union soviétique, ils se sont mis du coté de Thatcher et Reagan.
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