mercredi, novembre 30, 2005

Repoussé d’un jour…

Hier, j’avais mentionné la peine de mort aux Etats-Unis. Le millième a été pardonné. Le gouverneur du virginie, l’état juste à coté de chez moi.  Heureusement.

Mais …malheureusement il y a aura un autre…apparemment en caroline du nord ou sud. Deux états du sud.

mardi, novembre 29, 2005

La peine de mort: le millième

Avec une exécution hier en Ohio, les Etats-Unis ont maintenant puni 999 personnes depuis que le court suprême du pays ait rétabli cette pratique étrange en 1976.  Bien qu’on ne viole pas les  violeurs, qu’on ne moleste pas les molesteurs, qu’on ne harcèle pas les harceleurs, qu’on ne dérobe pas les voleurs, qu’on ne torture pas les bourreaux, apparemment on nous dit qu’il faut tuer les tueurs.

Mais pas tous… 80% des exécutions sont effectuées au sud des Etats-Unis, les soi-disant religieux qui ne sont pas censés tuer ! La majorité des condamnés et des exécutés sont pauvres, issues des minorités ethniques.

Voici les chiffres par état. Faut pas être surpris…Texas en tête.

Avec l’Iran, la Chine, les Etats-Unis, nous avons trois pays qui croient encore, contrairement au reste du monde, que l’état n’a pas le droit de tuer.

Depuis une décennie, au moins 122 personnes qui attendaient la mort dans le « death row » ont été libérées, car on a trouvé qu’elles étaient faussement accusées.

A part le fait que l’on tue peut-être des innocents, comment détermine-t-on que la mort est méritée ? En Arabie Saoudite, la peine de mort est possible pour ceux qui trompent leurs époux ? Est-ce excessif ? Est-ce juste ? Comment détermine-t-on la limite ? tout simplement : on ne peut pas.

Demain, le 30 novembre, nous aurons le millième.

lundi, novembre 28, 2005

Mr. Jakal and Dr. Fox

On pourrait être surpris, venant de l’Europe ou d’ailleurs, à quel point les Américains sont « religieux » . C’est un coté de la vie d’ici que l’on apprécie mal à l’étranger. Les films de Hollywood, même s’ils montrent des gens à l’église, ils reflètent mal le phénomène tel qu’on le vit ici. Je ne dis pas que les américains sont vraiment religieux mais la religion fait parti de l’identité sociale et politique. Il faudrait parler plus du fondamentalisme religieux à l’Américaine. Peut-être une autre fois. Ce qui m’intéresse le plus ici c’est un paradoxe. Le Paradoxe de la chaîne Fox. Si l’on connaît Fox en Europe ou ailleurs, c’est probablement à travers les films de Twentieth Century Fox – une signature commune à la fin de beaucoup de films. On sait peut-être aussi que Fox diffuse beaucoup de « sitcom » comme les Simpsons, que l’on regarde aussi en France. Au début, les Simpsons ont fait scandale. Leur immoralité était dénoncée. Plus maintenant. Ils font parti du fabrique audiovisuelle hebdomadaire. Mais…il y a aussi « Family Guy ». Une émission qui est aussi diffusée en Europe, qui est aussi produit par Fox et qui est à l’écran tout juste une demi-heure après les Simpsons. La description générique de « Family Guy » ne nous laisse pas nous faire des illusions. Elle annonce clairement que c’est un show « nihiliste » ! J’admire cette honnêteté. Ca fait plaisir ! C’est vrai que c’est nihiliste. Ils ne font pas de cadeaux…ils sont sans pitié. Récemment, ils ont monté Bin Laden en train d’enregistrer un message vidéo tout en plaisantant avec des copains. Ils lui donnaient un visage si humain – tout en le gardant monstrueux… Ils ont montré que Dieu ne voulaient pas de Jésus, car il était au lit avec une femme – et il refusait d’utiliser des préservatifs. Qu’importe l’épisode que l’on regarde, c’est outrageant ! Sans exception… Fox diffuse aussi des « reality tv » tout aussi nihiliste ; à la rentrée, on sait que Fox va sortir quelque chose encore plus offensif, encore plus dérangeant qu’avant. En même temps, Fox est la compagnie qui a une chaîne d’info – Fox News. A moins que l’on soit des Etats-Unis – et moyennement sain – il serait impossible de comprendre à quel point cette chaîne est une parodie de l’info. C’est presque comme les guignols mais sans l’humeur, les marionnettes, sans le coté gauche…La vraie différence c’est les spectateurs. Ceux de Fox y croient ! Fox News présente des « news » avec tant de haine, tant de colère, tant de mensonges, tant malhonnêteté, tant d’irresponsabilité qu’il faut le voir pour le croire. (J’ai encore du mal à le croire même quand je le vois.) C’est Sarkozy fois cent 24h sur 24. Le populisme odieux. En parti, ils aiment blâmer la « gauche » pour tout. Mais vraiment pour tout. D’après eux, tous les grands maux du pays sont dus aux libéraux et leur manque de respect pour les « traditions » . Le déclin de l’Amérique est apparemment la faute de la gauche. J’avais déjà mentionné le fait que la droite américaine utilise les causes « sociales » pour aveugler les gens. Ce qui change les valeurs américaines n’est pas la gauche. Ces valeurs sont perdues à cause de La Valeur – le dollar et le capitalisme. Alors que d’un coté Fox s’enrichit en diffusant des shows des plus outrageux– qui lui apportent le max -- de l’autre coté la meme chaine denonce le nihilisme à la telé et blame la gauche. Bienvenu dans le monde merveilleux et absurde de Mr. Chacal et Dr. Fox.

dimanche, novembre 27, 2005

Finkielkraut l’a mal compris.

Récemment, j’avais mentionné le fait que de « grands » intellectuels, comme Badiou, sont ignorés quand ils parlent des émeutes. On dit toujours en France que l’on aime beaucoup les intellectuels, et qu’on les respecte. En comparaison avec les Etats-Unis, il est vrai que la France fétichise ses penseurs. C’est admirable. Mais il faut les écouter, et en parler, même quand ce n’est pas commode.

Et maintenant parlons de Finkielkraut…Contrairement à d’autres figures de la pensée, il s’est bien retrouvé au milieu des débats, mais non comme critique, mais comme cible – et il le mérite. Il l’a mal compris ! Les philosophes doivent réduire les préjuges, et non pas les renforcer…

Ses propos dans l’entretien avec le journal Israélien Haaretz sont ahurissants. Ils font preuve d’une mauvaise foi raciste inconcevable pour un intello avec une telle visibilité/présence médiatique.

Pourquoi répéter inutilement une analyse ? Je vous réfère au blog de Bernard Lallemant. Repondant à la remarque de Finkielkraut – « je l’ai dit, mais tout le monde le pense… » -- Bernard Lallement souligne judicieusement

« Et c’est bien là le (son) problème. Nous n’attendons pas des intellectuels, du moins ceux qui se revendiquent comme tels, d’adhérer complaisamment à une opinion dominante mais d’être des décrypteurs de sens, ce qui suppose un recul sur les évènements et une pensée à l’articulation fine.

Alain Finkielkraut n’a pas agi en philosophe, mais en journaliste-chroniqueur de ses tourments. En cela, il adhère parfaitement aux affres de son temps et nous délivre un discours qui se sous-tend de lui-même.  Il y a, chez cet homme, une peur de l’Autre et un enfermement de la pensée qu’il vient, nous l’espérons pour lui, de découvrir. »

Bien dit ! Merci !

Un sondage important

Depuis Katrina, la pauvreté en Amérique s’est révélée avec plus de férocité que l’ouragan. Bien entendu, Katriana a fait plus de dégâts que bien d’autres catastrophes naturelles, mais elle a aussi souligné les grands problèmes que l’on voulait oublier – et que l’on essaie encore d’oublier. Momentanément, la question de la pauvreté avait fait la une des journaux. Depuis, les politiciens américains font tout pour distraire le publique. Les citoyens ordinaires ne se sont pas encore fait avoir. Récemment, un sondage mené par New California Media nous en donne la preuve. D’après ce sondage, la majorité des américains ne sont pas convaincus que c’est le terrorisme qu’il faudrait combattre en premier. Bien au contraire, à travers les différents groupes ethniques, il est clair que la pauvreté occupe une place en priorité. En voici un résumé en ligne. Parmi les minorités, comme les noirs (58%), les asiatiques (40%) et les hispaniques (43%), de loin la pauvreté vient en premier. De même pour les blancs (36%), il faut bien remarquer. Le terrorisme varie du plus bas parmi les noirs (11%) au maximum chez les blancs (25%). Mais…est-ce que le publique pourra se faire entendre ? Est-ce que les moyens institutionnels permettront à ces soucis de faire surface ?

samedi, novembre 26, 2005

La crise de la santé…

Il est bien connu qu’aux Etats-Unis, nous avons une crise de la santé. Que ce soit la question de l’assurance et ses inégalités, que ce soit la question de l’espérance de vie – où les Américains trainent derrière les autres pays, que ce soit la question de l’assurance pour les enfants ou les retraités, ca va mal.

A mon avis, c’est une des situations politiques où l’idéologie extrémiste capitaliste aveugle les gens, surtout les politiciens. Quand on parle d’instaurer un system avec plus d’équité sociale, la panique saisit l’esprit des gens. On invoque le communisme, on présente des anecdotes simplistes sans beaucoup de preuves selon lesquelles dans les pays comme la France ou le Canada on doit attendre des mois pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste. Si l’on veut parler en échangeant des anecdotes, on n’ira pas loin.

Considérons quelques chiffres. En 2002, les Etats-Unis ont dépensé plus d’argent par citoyen que les autres pays industrialisés. En moyenne,  l’état dépense plus de $5000 par personne aux USA, alors que le Canada ou l’Allemagne dépensent moins de $3000.

Le coût de l’assurance de sante dans le secteur privé est en croissance astronomique. La qualité des bénéfices baisse tout aussi vite. Le coût des affaires judicaires est un cancer en soi. Mais le congrès Américain n’ose même pas approcher cette question, la majorité des représentants étant avocat !  

Reste-il un espoir ? Peut-on penser que les politiciens auront la volonté de changer les choses ? Peut-on espérer que le publique se réveillera ?

Je pense que la solution viendra d’une alliance peu commune.

Il y a cinquante ans déjà que Charlie Wilson, alors le PDG de General Motors (GM), disait que « Ce qui est bon pour GM est bon pour le pays ». Une belle phrase d’un grand capitaliste, délimitant le rôle du gouvernement, précisant que ce dernier ne devrait jamais gêner les opérations du géant capitaliste. Bien au contraire, que le gouvernement et le peuple devrait réaliser que le progrès et la croissance de GM bénéficient le pays en général.

Au lieu de disputer les mérites douteux de cette approche, je pense qu’il serait temps d’être d’accord avec le grand PDG ! Bien entendu, je ne dis pas qu’il a raison en général. Loin de là. Je pense que c’est bien cette attitude qui a trainé le peuple Américain dans cette crise de pauvreté.

Mais

La semaine dernière, GM a annoncé la suppression de 30000 postes aux Etats-Unis, et la possible fermeture de douze usines.

Une des raisons principales de ce mouvement sismique est le coût de l’assurance santé pour les employés et les retraités de GM.  L’année dernière, GM a dépensé 60 milliards de dollars dans ce secteur !

Je ne dis pas que les licenciements sont entièrement causés par le problème budgétaire de l’assurance. Mais c’est une cause majeure. Il est vrai que, comme tout autre entreprise, GM fera ce qui est profitable pour les actionnaires et non pas ce qui est le plus équitable pour ses employés ou pour les citoyens de son pays. Tant qu’il sera permis que l’on puisse « employer » des travailleurs dans les pays du tiers-monde, avec des « salaires » qui ne suffisent même pas à se nourrir localement, GM continuera à délocaliser sa main d’œuvre. Ceci dit, GM ne démangera pas demain au Thaïlande. Pas encore.  

Ce qu’il faut, c’est de coopérer avec GM et sa puissance et présence politique.

On entend des rumeurs comme quoi GM cherche une solution. La solution serait une assurance publique !

On dit souvent qu’il existe une sorte d’Etat de Providence aux Etats-Unis, mais seulement pour les riches. Souvent l’état intervient pour sauver les compagnies en crises et dépense sans hésitation l’argent des contribuables. Apres Katrina, on a vu que c’est l’état qui va payer, et non les assurances qui ne veulent pas ouvrir leurs portefeuilles – mais ces même compagnies augmentent les cotisations en même temps !  On a vu aussi qu’après le onze septembre l’état était prêt à sauver la peau des compagnies aériennes.

Il est grand temps que l’état aille sauver GM ! Il est temps que l’état débarrasse GM de son fardeau !

Au lieu de continuer à répéter les même arguments – bien logiques mais qui tombent dans des oreilles sourds – il faut devenir un allié de GM pour cette cause.

GM peut mettre la pression sur les politiciens et s’il est épaulé par des forces de la gauche, il est possible de changer la situation. Il est possible de se débarrasser de cette sottise capitaliste américaine qui résiste tout mouvement progressive en le traitant de communiste. Traitera-t-on GM de communiste ? J’en doute.

mardi, novembre 22, 2005

« Chaque fois unique, la fin du monde »

Aujourd’hui, le seuil de 2100 soldats Américains morts en Irak a été franchi. Tant de vies disparues, effacées. 97 Britanniques, 27 Italiens, 18 Ukrainiens, 17 Polonais, 13 Bulgares, 11 Espagnols, 3 Slovaks, 2 Danois, 2 Estoniens, 2 Salvadorien, 2 Thaïlandais, 2 Néerlandais, 1 Hongrois, 1 Latvien, 1 Kazakh… Au moins 15704 blessés américains… Des Irakiens ? Qui sait ? Le Pentagone refuse de compter. On ne peut qu’estimer. D’après un groupe humanitaire américain, au minimum 26994 et au maximum 30420.

lundi, novembre 21, 2005

Une école pas comme les autres :



Comment faire face à un passé impérial ? Chaque pays a une histoire qu’elle préfère oublier. Une société, comme un individu, préfère refouler des événements honteux de son passé. Freud nous l’a bien appris.

Mais c’est une chose d’avoir des mémoires et des artifices impériaux ; c’est bien autre chose de préserver des institutions honteuses.

Le nouveau pape par exemple  – avant de le devenir – était le dirigeant de la « Congrégation de la doctrine de la foi », le nouveau nom pour le bureau de l’inquisition !

Aux Etats-Unis, l’Ecole des Amériques (School of the Americas) est un affront vivant. Comme le Réseau Voltaire le dit :

L’École des Amériques est une académie militaire située sur le sol des États-Unis. La CIA y dispensait des cours sur la répression des guérillas et les techniques de tortures aux officiers de régimes « amis ».

Cette école, malgré ce que l’on croit, continue à entrainer les soldats des tyrans et des mercenaires.

Ce que l’on ne sait pas souvent, c’est que bons nombres de citoyens protestent vigoureusement son existence et ses activités. Il existe une organisation dédiée à cette cause.

Commémorant le meurtre de six prêtres jésuites et leurs familles le 16 novembre 1989, par des assassins trainés par cette école, chaque année un nombre de citoyens américains manifestent devant l’école même. Cette année, 19000 personnes

On aime tous nos intellectuals…

Une autre comparaison, depuis hier, m’est venue en tête. J’avais mentionné que les français qui facilement se moquaient de la sottise américaine – ici s’agissant de la popularité de Bush – tombent dans le même piège.

J’imagine que chaque peuple a du mal à se regarder dans le miroir. Cette deuxième comparaison est plus subtile mais, à mon avis, aussi vraie.

On dit souvent – et facilement – que les français apprécient leurs intellectuels et que les américains…disons que l’on n’est même pas sûr qu’il y ait des « intellectuels » américains !

C’est vrai, en partie. Les intellectuels n’occupent pas une place chérie en Amérique. Le plus grands des philosophes mort a au mieux une page d’éloge à la page 30 du New York Times. Aucun américain n’aura les funérailles de Sartre !

Au-delà de ce respect et de la fascination générale du publique français, les émeutes ont révélé un abime géant qui sépare le publique de ses intellectuels. Alors que Sarkozy bénéficie d’une hausse de popularité, Alain Badiou et Jean Baudrillard vigoureusement condamnent la politique aveugle.

Les deux dénoncent la politique d’humiliation, d’exclusion…

Les géants de la pensée contemporaine ; qui les écoutera ?

dimanche, novembre 20, 2005

De la sécurité du nouveau: le gain de la provocation


La dernière fois, j’avais dit que la question de la sécurité a paralysé les Etats-Unis. Même si la vraie question de la sécurité, que l’on pourrait réellement nommer de nouveau « la sécurité sociale » est ignorée.  

Quand la sécurité est réduite simplement à une menace « étrangère », elle aide la droite de n’importe quel pays. Contrairement à la vraie question de la sécurité de l’emploi, de l’identité, d’intégration, l’insécurité due aux étrangers est plus médiatiquement et psychologiquement puissante. Elle donne un visage à un ennemi.

Les politiciens peuvent baver sur cette image de l’étranger menaçant. Apres le 11 septembre 2001, la popularité de Bush a atteint des niveaux vertigineux. Il avait quasiment 90% de popularité.

Apres Katrina, qui a révélé l’insécurité interne au pays – le genre d’insécurité sans visage barbu – qu’importe ses gestes et ses manouvres, Bush a chuté dans les sondages.

Sans les étrangers à blâmer, on blâme Bush. Ce qui est presqu’aussi ignorant. Maintenant on blâme sa personnalité, son manque de leadership.

De nouveau, on donne un visage ; on trouve un bouc émissaire. Il se trouve que cette fois-ci le bouc est sincèrement coupable d’incompétence. Mais la varie culpabilité demeure dans l’injustice sociale que l’on préfère ignorer.

C’était fascinant de lire les politiciens français se moquer du model américain après Katrina, mais aussi avec la guerre d’Iraq.

En France, en Europe et même dans le monde entier on pose la même question : « Comment est-ce que les américains peuvent être si bêtes et ne pas comprendre que Bush ne vaille rien ? Comment ne peuvent-ils pas se rendre compte que la politique de diabolisation est destinée à l’échec ? »

C’est une bonne question…si et seulement si les autres pays ne faisait pas de même.

Il est vrai que Bush a utilisé le 11 septembre pour sa politique personnel. Il est vrai que les américains, effrayé, terrorisés, l’ont suivi – à 90 pourcent ! Même quand il a provoqué une guerre, ils l’ont suivi. Le provocateur de l’insécurité, en se cachant derrière des barbus, a gagné son jeu. (A court terme, bien entendu ; on perd toujours à ce jeu à long terme.)

D’après les sondages, Sarkosy est encore plus populaire qu’avant. Maintenant qu’il a des barbus et des racailles, il progresse ! On nous dit qu’il est encore plus populaire à l’UMP.

Ainsi, malgré tout le bruit et les railleries des français contre les américains, eux aussi laissent le provocateur gagner.

samedi, novembre 19, 2005

Question de sécurité


Récemment, un auteur américain nommé Thomas Frank était à la radio, sur une station d’info (NPR), et il a dit une chose qui m’a bien frappé.

Frank a écrit un livre qui a fait beaucoup de bruit il y a un peu plus d’un an. En anglais, le livre est intitulé « What is the matter with Kansas ? How Conservatives won the Heart of America ». Ce livre qui cherche à comprendre ce « qui se passe » ou « ce qui ne va pas » avec le Kansas, l’état natif de Thomas Frank, a mis le doigt sur le paradoxe contemporain de la politique américaine.    

Le paradoxe est relativement simple à décrire : les gens qui votent en grande majorité pour les Républicains conservateurs, comme les gens du Kansas, ce sont aussi les gens qui bénéficient le moins de la politique conservatrice. C’est des gens pauvre, en situations précaires qui ont besoin de l’état. Or en votant pour les Républicains, ils votent contre leurs intérêts économiques.

Le paradoxe est plus difficile à expliquer : selon Thomas Frank – et je suis d’accord avec son analyse – les Républicains ont réussi à séduire – d’où la référence au « cœur » dans le sous-titre du livre – les citoyens ordinaires. Mais c’est une séduction étrange. C’est une séduction basée sur la peur et non sur l’amour.

Les pauvres, les ouvriers et la classe des travailleurs en général, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, se sentent menacés. Leurs emplois sont précaires ; même les emplois avec anciennetés sont en danger. Qu’importe le poste, le bureau, l’usine ou l’industrie, l’emploi en général peut être délocalisé, envoyé au Mexique, en Europe de l’est ou en Asie, ou…

De plus, le pluralisme de la société américaine – les immigrés, la présence croissante des femmes et des noirs dans le marché du travail – mais aussi les questions d’intégration des homosexuels, le retrait des soi-disant valeurs traditionnelles ou bibliques – semble menacer la vie quotidienne et traditionnelle de ces gens.

Mais le problème est qu’ils ne reconnaissent pas la source de leurs ennuies. En blâmant les femmes, les noirs, les immigres, les homosexuels et les gauchistes, ils ne réalisent pas que la vraie menace ne vient pas d’eux mais précisément de la politique pour laquelle ils votent : la politique du marché capitaliste. En plus de ces « maux », les Républicains exploitent le terrorisme comme une attaque de plus contre ces gens. D’où Bush se fait  réélire avec la question de la sécurité.

La sécurité fait élire ; la sécurité rend populaire.

Thomas Frank proposait qu’il faut élargir le sens du mot « sécurité », l’élargissant au delà du terrorisme. Réalisons que la sécurité est belle et bien la question du début de siècle.

vendredi, novembre 18, 2005

La droite – en partie – se révolte !

Du point de vue Européen, on simplifie trop la politique Américaine. C’est bien le but de ce modeste blog de montrer la complexité de cette politique, toute en la dénonçant. C'est-à-dire, les critiques venant de l’Europe et du Moyen Orient sont trop simplistes, à mon avis. Il faut connaitre son adversaire…

La droite Américaine, bien qu’unie, est profondément divisée. C’est un mélange idéologique de plusieurs mouvements – conservatisme fiscal, conservatisme traditionnel libertaire, conservatisme religieux, neo-conservatisme, etc. La grande force de la droite Américaine vient de sa capacité à rassembler tous ces mouvements sous un même nom, symbolisé en ce moment par Bush.

La dernière fois, j’ai mentionné la bêtise démocratique qui permet aux gens anti-démocratiques comme Robertson de maintenir des positions franchement absurdes.

Mais il est clair que plusieurs grandes figures intellectuelles de la droite trouvent sont aussi dégoutés que nous. Depuis deux jours, deux éditorialistes importants de droite se sont vigoureusement opposés à cette tendance religieuse d’une partie de leur mouvement qui rejette l’évolution.

Hier, George Will, un écrivain de la droite traditionnel, s’est prononcé contre Robertson. Dans un éditorial qui manifestait son mécontentent général, Will a simplement dit, en une petite phrase claire que l’évolution est en effet un fait scientifique. Point!

Aujourd’hui, un collègue de Will au Washington Post, Charles Krauthammer, a écrit un article entier se moquant des antiévolutionnistes. Lire Will est souvent intéressant ; lire Krauthammer est en général difficile et insupportable pour des gens même modérément de gauche. Mais il a dit une chose vraie : en mélangeant de façon aussi stupide la religion et la politique, on dévalue les deux.

Bien que ce soit rare, il faut applaudir Krauthammer. Juste cette fois-ci !

jeudi, novembre 10, 2005

De la bêtise démocratique en Amérique

De la bêtise démocratique en Amérique La société américaine est unique parmi les pays développés. Contrairement aux autres, la religion a survécu. Cette survie s’explique par l’histoire de ce pays où la religion n’a jamais occupé une place politique pareille qu’en Europe. Ici, la diversité des religions a toujours été importante, au niveau du discours social. Bien évidement, le christianisme, en particulier le protestantisme, a dominé – et domine encore – le pays. Mais en fin de compte on a le droit d’avoir des opinions publiques religieux divers… même des plus étranges. Cette liberté enivrante de la démocratie, sans l’histoire européenne pour en faire une société séculaire, produit des idées autonomes mais fausse – comme le rejet de l’évolution. Mais quand le processus démocratique rectifie ses propres bêtises, la liberté d’expression produit des bêtises encore plus étrange. Hier, l’état de Pennsylvanie a rejeté l’enseignement du « créationism » dans ses lycées ; le Kansas a fait le contraire ! Le révérant Pat Roberts maintenant promets à la Pennsylvanie que dieu se vengera… Que reste-il des démocraties ?

mercredi, novembre 09, 2005

Boomerang Politique...

Suite à l’article du Washington Post de la semaine dernière, qui révélait l’existence des prisons secrètes de la CIA, éparpillées dans le monde mais surtout dans les pays de l’Europe de l’Est, les Républicains ont tenté de riposter. Ayant déjà subi une défaite considérable à travers l’affaire Libby-Plame, ils ont voulu agressivement poursuivre en justice, avec la coopération de la CIA, la source de cette information. Les chefs de la majorité Républicaine, Frist (Sénat) and Hastert (Chambre des Représentants), ont cosignés une lettre d’indignation ! Il faut mettre fin à ce cirque des medias pour – facile à deviner – « protéger le peuple américain. »

Mais…les choses ne se passent pas comme prévu. Il semble maintenait que la source de la révélation, l’ennemi du peuple, serait du camp Républicain. Il est même possible, d’après Trent Lott, lui-même un sénateur Républicain, que ce soit un collègue de la majorité au sénat qui aurait tout dit au Washington Post.

Apparemment, Frist et Hastert n’ont pas su distinguer la différence entre lancer des accusations gratuites et lancer un boomerang. Quand on ne s’y attend pas, le dernier revient et fait mal…

mardi, novembre 08, 2005

La comparaison commence mal...

Il me semble qu’il faudrait au moins faire attentions à deux choses, quand il s’agit de comparer la France et les Etats-Unis. Tout d’abord, il est clair qu’aux Etats-Unis, l’approche « bottom-up » est favorisé et marche généralement assez bien. Mais c’est parce que la société civile américaine est historiquement, et aujourd’hui intentionnellement, diverse et polyphonique. Elle ne cherche pas une unité républicaine à la Française. La diversité des associations séculaires et religieuses dans ce pays est efficace car elle représente une réalité locale. Je ne suis pas convaincu que l’on puisse s’appuyer pareillement sur la société civile en France, qui a systématiquement étouffé les voix autres que la sienne. En deuxième lieu, la question d’intégration est approchée différemment. Je serai le premier à admettre que les Etats-Unis devraient avoir honte de leurs ghettos. La pauvreté que l’on voit ici est tiers-mondial parfois. Le system social français est certainement plus avantageux. Pourtant, il y a une autre différence. L’intégration est beaucoup plus de l’ordre du possible ici, aux Etats-Unis. Il est vrai que les pauvres ont une mauvaise donne. Mais une fois qu’un membre d’une minorité ethnique atteint un certain niveau professionnel, il peut se croire, tant bien que mal, Américain. Cette personne n’est certainement pas aussi bien placé qu’un Américain blanc typique, mais elle peut se considérer intégrée la plupart du temps. En France, même les arabes qui réussissent professionnellement ne cessent jamais d’être arabe. Le regard discriminatoire pèse quotidiennement. C’est en tout cas l’expérience que partage avec tant d’autres…

lundi, novembre 07, 2005

L’origine du titre de blog :

Ces gueux, pires brigands que ceux des vieilles races, Rongeant le pauvre peuple avec leurs dents voraces, Sans pitié, sans merci, Vils, n'ayant pas de cœur, mais ayant deux visages, Disent : - Bah ! le poète ! il est dans les nuages - Soit. Le tonnerre aussi Victor Hugo, Les Châtiments Je suis professeur de philosophie et non pas poète, mais les philosophes aussi sont accusés de vivre dans les nuages...

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